bionoseresques buenoseresques de Frédérique, écolo convaincue, partie vivre en Argentine avec sa petite famille (suite).
Des efforts...
Parce que bon, l'Argentine est un pays paradoxal. C'est un pays d'inspiration européenne situé en Amérique du Sud. Comme on dit ici, là où les Péruviens descendent des Incas et les Mexicains des Aztèques, l'Argentin descend du bateau. On pourrait dire aussi des pionniers Argentins, qu'ils se sont un tout petit peu arrangés pour que les populations indiennes natives ne soient pas trop florissantes... mais bon, ce serait hors sujet, et d'après un guide local, une pure et aberrante invention de la littérature occidentale. Soupir.
Pour en revenir à nos moutons bios, bien sûr qu'une certaine élite aspirerait sans doute à un respect de la nature. Mais sans contrevenir à son confort de conquistador.
Des exemples ?
Le tri sélectif n'existe pas. Mais il existe ce qu'on appelle ici des « cartoneros » : des personnes qui trient les poubelles dans la rue et emportent en charrette à bras ce qui peut être recyclé. Alors bon, écologiquement parlant c'est mieux que rien. Mais moralement; comment dire...
Je suis aussi allée visiter un parc zoologique soit-disant écologique. Mais à part un petit film moralisateur comme quoi nous devrions tous prendre soin du vaisseau Terre, je n'ai pas vu beaucoup d'applications pratiques : c'était un parc complètement bétonné pour permettre aux poussettes de mieux circuler. Quid de l'éducation des tout petits ?
On fait aussi parfois des promos sur les ampoules basses consommation en expliquant que c'est mieux pour la planète. Alors pourquoi on éclaire les autoroutes ?
Quand je suis arrivée ici, pour parler d'un sujet qui me tient à coeur, j'ai tout de suite cherché la nourriture bio. Il paraît qu'il y a un marché (et un seul) le samedi matin mais je dois avouer que je n'ai pas encore eu le temps d'y aller. Et sinon, il y a parfois un produit sur lequel est inscrit « organico » (bio) ou sans OGM. Mais ça tient du miracle et on se dépêche de l'acheter en dix exemplaires. Ici, ce qu'on trouve un jour, on n'est pas sûr de le trouver toujours... De toute façon, je ne sais même pas si beaucoup de gens savent ce que c'est que de l'OGM : en tout cas, j'ai dû l'expliquer à la nounou de ma fille. Resoupir.
Pour le reste, je l'avoue, j'ai presque pleuré au rayon poulet. Quand on est habitué de connaître le mode de vie et le menu de son poulet, on s'effondrerait sur une étiquette de blanc de volaille. Qu'est ce qui est écrit ? « Poulet ». Point. Déjà bien content qu'il y ait une date d'expiration.
Bien content aussi d'en trouver une, aussi, de date; sur les oeufs. L'oeuf argentin doit durer beaucoup plus longtemps que l'oeuf de Loué (charmant petit village de la Sarthe, région dont je suis originaire), c'est bien connu.
Quant aux yaourts ? Lassée de faire manger à ma fille des yaourts shootés aux colorants et aux conservateurs, j'ai mis en marche la yaourtière. Et bien, c'est du travail de trouver le yaourt nature qui va servir de base à la préparation : d'après une amie végétarienne de mon mari, il n'y a qu'un seul magasin en ville qui fait des yaourts SANS gélatine. Mais que fait Danone ???
Bon, pour finir sur une touche positive, ici on peut trouver des meubles vraiment magnifiques effectués dans des vieux bois auxquels on redonne ainsi une seconde vie.
A défaut d'avoir une cuisine bio, j'aurai au moins une salle à manger écologique...
Frédérique D.