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Le Clézio ou la longue marche d’un “barbare païen”

Publié le 23 octobre 2008 par Chantalserriere

Comme le fait Alain Lecomte dans “Pourquoi Jean-Marie le Clézio mérite le prix Nobel de Littérature”, revenons à Le Clézio.

Essayons de comprendre, en effet, pourquoi les réserves polies des salons littéraires parisiens rejoignent (pour d’autres motifs que l’envieuse déception) celles émises par la critique américaine parfaitement résumées par Jérôme Garcin (15/10/08) dans les colonnes de “l’Obs “:

Voici un extrait de cet article:

“Pour avoir osé, il y a vingt ans, célébrer, avec «le Rêve mexicain», le génie de la civilisation aztèque, avant que les troupes espagnoles n’en eussent éradiqué les oeuvres et les mythes, Le Clézio fut traité de «barbare païen» et d’apologiste du «fascisme aztèque» par Guy Scarpetta dans «Globe»; et pour avoir donné une nouvelle à la «Revue d’études palestiniennes», «le bon sauvage» fut, dans le même «Globe», accusé par Bernard-Henri Lévy d’être «un anti-sioniste déchaîné».

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Depuis, le procès en obscurantisme n’a jamais cessé. Paris n’aime pas qu’on lui préfère les plaines arides, les montagnes sèches et les ciels sans fumée. Paris n’aime pas qu’on se refuse à elle et qu’on ne sacrifie pas à ses modes. On ne compte plus les clercs qui ont stigmatisé l’idéaliste baden-powellien refusant l’idée de progrès et les miracles technologiques; le protecteur des baleines grises de Californie; le croisé viking de Robert Redford et de Nicolas Hulot; l’écrivain à la prose trop simple, trop nue, alors qu’elle n’est que limpide, douce comme un galet poli par les vagues du temps et décoré par un peintre naïf. Car il se méfie de la phrase précieuse comme les Indiens des luxueuses étoffes de Cortés, comme les naturistes des textiles. Il tient que la fonction de l’écrivain est de nommer, pas d’enjoliver.

Pourquoi tant d’acrimonie, sinon parce que les contemporains de l’auteur du «Procès- verbal» ont perdu leurs illusions et pactisé avec une société qu’autrefois ils ambitionnaient de changer? Ils ont pris le pouvoir et grossi leur compte en banque. Le Clézio, lui, n’a pas changé. A 68 ans, il a une allure de jeune homme timide, il est trop sincère pour briller dans la conversation, trop nomade pour s accommoder du climat germanopratin, il demeure fidèle aux utopies et aux indignations qui mettent sa littérature à hauteur d’homme, il demeure du côté des déracinés et des parias de l’Occident.”…

…C’est à dire, bien loin de nos miroirs aux alouettes littéraires sur lesquels viennent se briser les rêves de tant de Rubempré…

On comprend tout, n’est-ce pas?

Le Clézio, prix Nobel.


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