Laurent O était éleveur de nuages du côté de la cité phocéenne depuis maintenant pas très longtemps.
Les affaires marchaient couci-couça pour ce jeune berger à gouttelettes suspensives qui avait misé toutes ses billes et un gros calot sur un hypothétique dérèglement climatique que Nostradamus avait prédit pour la saint Glinglin à 5000 ans près, à la louche et de façon approximative sans être non plus, à sa décharge, complètement catégorique.
C’est dire la crédibilité qu’il fallait accorder à ces prophéties en quatrains qui pullulent encore aujourd’hui dans certains magazines féminins à la rubrique horoscope où tout va pour le mieux pour la plupart décans.
Il fallait être réaliste, les conditions climatiques pour que le projet de Laurent O réussisse n’étaient visiblement pas encore totalement réunies.
Laurent O était verseau ascendant quelque chose, et à priori tant que Venus ne viendrait pas faire coucou en toquant sur la tête de Pluton, ça ne le ferait pas.
Ainsi parlait Zara Thoustra, grande prêtresse des signes zodiaquales devant l’éternelle et indispensable page à pouffes.
Le bleu du ciel était du genre macho dans cette région du sud et les rayons du soleil portaient un marcel 100% coton sur des épaules frêles mais déterminées en grimpant jusqu’à la bonne mère avec une décontraction et un accent débonnaire à couper au lasso quelques tranches de pastaga que l’on trouvaient assez facilement dans l’arrière pays, là, juste derrière.
La météo était désespérante à Marseille.
Il faisait beau et ce beau temps faisait de l’ombre à Laurent O.
Laurent O avait la transhumance en berne.
Pour se changer les idées , Laurent O composait avec l'aide de deux compères des chansons implacables en taquinant les guitares avec des histoires à dormir debout et en balançant des riffs à réveiller tous les habitants du pays des maures, gendarmes de Saint-Tropez inclus.
Le résultat était assez imparable et à défaut de faire la pluie sur le sud de la France, Laurent O, leader du groupe REDLIGHT, mettait un peu de soleil dans nos tympans sclérosés par tous ces groupes à 3 accords qui faisaient toujours autant de bruit pour rien.
La maîtrise de REDLIGHT est parfaite et la maturité déconcertante.
REDLIGHT distille des pop songs aux influences assumées, mélange de rock lunaire, de ballade désenchantée, de soul qui ne fatigue pas et de hip-hop plutôt cool, le tout passé dans un shaker bien actuel qui ferait passer l’anticyclone des Açores pour un groupe de folklore péruvien qui danserait la lambada sur le parvis de Notre-Dame.
En écoute ci-dessous : « Rock Is Dead »