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Notes sur la poésie : Gabrielle Althen

Par Florence Trocmé

La poésie n’est ni hermétique, ni énigmatique. Elle ressemble à une vitre. Posée sur fond de nuit, elle demeure noire. Mais c’est aussi leur charge à toutes deux de révéler la nuit pour telle.

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Il y a les vrais poèmes qui rapportent des mondes. Il y a ceux qui ressemblent à des puzzles.

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Nulle et non avenue, en aucun cas poème, la parole qui substitue, (sauf pour jouer), des rébus à l’énigme du vivre.

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On dit communément que les poètes sont orfèvres en mots. Oui, à condition d’affirmer aussi qu’ils s’abouchent au réel, cela les ignares ne le pensent jamais.

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L’âme à la rue entre deux bruits. Et je ressemble à un âne entre ses deux ballots. Une vapeur s’élève ? C’est un soupir qui monte du lieu qui fut moi, dont je fus évincée, et qui dure et s’exhale comme une fleur demeurée telle, qui n’existerait cependant que par le souvenir qui en persiste.

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La raison pour laquelle il y a tant de tièdes, décorateurs en poésie, dévots en religion, tire au flanc de tous les métiers, tire au flanc de toutes les amours, c’est qu’il y faut trop de ferveur, c’est-à-dire trop de force. 

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La fonction ontologique du verbe est d’être un entre-deux, si bien que la parole trop heureuse de se concevoir parole est une idole. Toi et moi, vous et moi, voilà l’essentiel auquel j’ajoute encore le monde et nous, car sortir de cette trilogie, un sujet qui dit quelque chose à quelqu’un, c’est aussi mentir et se mentir.

Gabrielle Althen, Carnets, extraits (inédits)


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