C’est plus en fréquentant les bistros qu’un fréquentant les blogs qu’on comprend le fonctionnement de la politique, y compris la politique internationale ! J’en ai encore vu un bel exemple, hier soir. C’est pourquoi j’ai décidé d’inverser mes billets, ce matin, et de parler ici de mes aventures de bistro et sur l’autre blog… de blogs.
Avec Michou, Tonnégrande et le Vieux Jacques, nous étions accoudés au comptoir de la Comète. Nous parlions de chose et d’autres et la conversation a déboulé sur Sœur Emmanuelle. Michou, Tonne et moi sommes assez peu « protocolaires » et avons du dire un truc qui a fâché le vieux Jacques. On disait en gros que Sœur Emmanuelle était surtout douée pour être devant la caméra au bon moment.
Le vieux s’est fâché subitement, comme il le fait assez souvent quand nous discutons ensemble… Il est parti s’asseoir en terrasse. Avant, ça nous faisait bien rigoler ! Maintenant on se lasse… On rigole toujours mais il y en a toujours un d’entre nous qui se dévoue pour aller le consoler.
Hier, c’était moi !
« Tu sais, Jacques, on ne fait que plaisanter, ça n’enlève en rien au respect ! On sait bien qu’elle a fait des trucs très bien, on est plein de respect, on ne fait que rigoler au bistro ». « Oui, mais enfin, c’était une sainte ! Tu te rends compte de ce qu’elle a fait ? Sa vie parmi les pauvres, son abnégation, … »
« Je sais, Jacques, mais il y a des centaines, des milliers de gens comme elle, qui, au quotidien, font des belles choses, aident les gens, … » « Oui, mais elle c’est différent ! » « Oui, Jacques, tu sais quelle différence principale : elle est médiatique. Un jour où l’actualité était creuse, un rédac chef a diffusé en début de journal de 20 heures un reportage sur elle… ».
Là-dessus, mes deux autres compères nous ont rejoints sur la terrasse pour voir si le vieux était calmé. Il l’était et nous avons continué à discuter de ces gens qui font du bien, de ces journalistes qui font l’actualité plus qu’ils ne la présentent, …
Jacques défendait sa position et nous étions moins virulents pour ne pas le fâcher une deuxième fois ! En vieux Gaulliste, il continuait à expliquer qu’il fallait ce genre de grands personnages pour sauver le monde.
Il a quand même fini à se rendre à notre point de vue. Temporairement. Jusqu’à vendredi soir (il ne sort pas ce soir, il a rendez-vous à l’hosto demain à 8 heures). Jusqu’à notre prochaine discussion de comptoir.
Ce n’est pas qu’il faut se genre de personnage s’activant dans des bidonvilles pour sauver le monde, c’est qu’il faut se genre de personnage s’activant dans les bidonvilles pour qu’on n’aborde pas les sujets d’actualité importants : comment, en ce début de 21ème siècle, on peut avoir une partie importante de la population mondiale vivant dans des bidonvilles insalubres ?
Et, sans manquer de respect, ce n’est pas une bonne sœur distribuant des bols de riz qui feront trembler un capitalisme financier mondial.
Au contraire, elle l’absout. Amen.