A las cinco de la manana…
Après le Penalty, les prolongations
Maintenant que la polémique sur les sifflements de la Marseillaise s’est quelque peu calmée, il convient de s’arrêter un petit moment sur la belle unanimité qui a mobilisé le monde politique un très court moment, de l’extrême droite â l’extrême gauche. Comment expliquer une telle union sacrée, si rare dans notre beau pays ?
Je vous donne mon analyse : ce que le monde politique a voulu signifier par sa réaction, c’est bien un sursaut de volonté, un effort de resacralisation du monde – Marcel Gauchet dirait de « réenchantement ». Dans un monde où le sacré et le mystère reculent de concert avec la divinisation de l´individu, il est devenu de plus en plus difficile de faire accepter à la population des règles qui transcenderaient et dépasseraient onthologiquement leur libre-arbître.
Dans un monde où la liberté est sacrée, tout ce qui vient la limiter est remis en question. Les seuls progrès concernant la sacralisation de principes concernent d´ailleurs logiquement la religion des droits de l’Homme, c´est à dire le point d´aboutissement du processus de désacralisation.
Le message à propos de la Marseillaise est donc clair : à vache sacrée, union sacrée. On ne peut porter la main dessus sans essuyer une répression terrible : sanction médiatique tout d’abord, suivie d’un véritable coup de massue : l’arrêt du match. Et sans doute sécurisation policière. Tout ceci n’est pas à prendre à la légère. Connaissez vous beaucoup d’évènements qui justifient dans ce pays qu’on arrête un match ? qu’on défie une industrie florissante ET des électeurs ? qu’on mette dans l’embarras des médias ?
Sens interdit
Le monde politique recrée donc spontanément l´idée de tabou. Les tabous se reconnaissent à cela que rarement les gens essayent de trouver des circonstances atténuantes. Le tabou n’est pas rationnel mais absolu. On ne plaisante pas avec l’inceste, avec la pédophilie, avec la Marseillaise. Pourquoi la Marseillaise ? Peut-être parce qu´à travers elle, nous restons reliés à deux cents ans de combat idéologique. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté.
A l’heure où tout s’écroule, je veux voir dans cette sur-réaction, au-delà de l’habileté tactique de Sarkozy, le signe d’une recherche de sens.
Nous en avons d’ailleurs encore cette semaine la preuve avec la mort de Soeur Emmanuelle. Notre monde moderne ne comprenait pas le message derrière son engagement, juste son écho médiatique. Il essayait d’humaniser, de désacraliser le personnage en lui retirant la part d’irrationnel. Il renifle désormais autour de la dépouille car il sait confusément que quelque chose lui échappe, mais il n’ose le dire.
Le XXIème siècle sera-t-il celui de la reconquête du sens ?
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