Des fossés culturels séparent les nations

Publié le 22 octobre 2008 par Eogez

Dans cette étude, on apprend que l’échec serait principalement dû à des disparités culturelles entre les deux constructeurs automobiles (l’un est français, l’autre suédois) et que si les directions respectives s’en étaient aperçus, elles auraient certainement réfléchi à deux fois avant de se lancer dans un rapprochement. Autrement dit, ce n’est pas uniquement le contexte difficile de l’époque qui serait en cause.

L’auteur de l’étude (et de l’article), Jean-Marie Grange, se base sur les indices définis par le professeur et psychologue néerlandais Geert Hofstede, auteur de Cultures and Organizations: Software of the Mind et de Culture’s Consequences: Comparing Values, Behaviors, Institutions and Organizations Across Nations :

“De même que le comportement d’un individu peut souvent s’expliquer par les quelques traits plus ou moins accentués de sa personnalité, de même le comportement d’une nation, c’est-à-dire sa culture, peut en grande parte s’expliquer par les valeurs numériques plus ou moins grandes de ces indices.”

Les quatre indices (un cinquième indice, ajouté pourtant en 1991, n’est pas cité dans l’article) à partir desquels il définit la distance culturelle entre deux nations sont les suivants (je reprend mot à mot ce qui est dans l’article) :

  • L’indice de distance hiérarchique qui traduit la perception du degré d’inégalité entre les hommes qui détiennent le pouvoir hiérarchique et les autres.”
  • L’indice de contrôle de l’incertitude qui mesure la façon dont une culture tient compte de l’anxiété créée par le fait que le futur est incertain.”
  • L’indice d’individualisme qui exprime l’intensité de la relation entre les individus et les autres membres de la même communauté culturelle.”
  • L’indice de masculinité qui traduit sous forme chiffrée les différences entre les nations qui donnent une certaine préférence aux valeurs masculines par opposition aux valeurs féminines.”
  • L’indice d’orientation vers le long terme par opposition à l’indice d’orientation vers le court terme (issus de la pensée confucéennes) : le premier indice traduit l’économie, la persévérance, le second, le sens de l’humilité et le respect de la hiérarchie. D’autres apports incluent la tradition et la protection.

La distance culturelle, ainsi définie, est difficile à appréhender. L’auteur propose donc des diagrammes concentriques (il faudrait que je fasse des scans, je n’ai que l’article au format papier) au coeur desquels se trouve le pays que l’on souhaite situer culturellement par rapport aux autres. Quand on prend les deux diagrammes (celui où la France est au centre et celui où la Suède est au centre), on en déduit qu’il y a un fossé culturel entre la France et la Suède : la France est plus proche de la Belgique et de l’Espagne que de la Suède (qui se trouve plutôt en périphérie) et la Suède est plus proche d’autres pays scandinaves comme le Danemark et la Norvège (qui se trouvent collés à elle).

Voici un équivalent (les détails sont ), mais différent d’un point de vue forme, qui permet de voir ce fossé (vous pouvez obtenir ce type de diagramme pour toute une série de pays en allant ici) :

Des réflexions ? Des réactions ? Vous connaissiez les travaux de Geert Hofstede ?

Les références de l’article : Jean-Marie Grange, “La fusion Renault-Volvo : un échec culturel”, Revue Française du Marketing, n° 157-158, pp. 77-87 (1996).