Chinmoku Hakubutsikan Traduction : Rose-Marie Makino-Fayolle
C'est probablement le roman le plus long de Yoko Ogawa - et c'est aussi pour cela que je l'ai lu. ;o) Le style en est simple, concis et je suis tentée d'écrire intemporel.Contrairement à ce qu'il se passe d'habitude en effet chez les écrivains japonais, l'intrigue pourrait, à première vue, se situer à peu près n'importe où dans le monde. Seuls, de temps à autre, quelques menus - très menus - détails rappellent que nous nous trouvons au Japon. La communauté monastique des Moines du Silence elle-même ne paraît pas précisément japonaise : aucune référence au taoisme, au bouddhisme ou au zen.
L'histoire, elle aussi, est très simple : une vieille dame obsédée par l'idée de créer un Musée du Silence, contenant des objets dont chacun aura la charge d'évoquer une seule vie, fait venir un muséologue afin qu'il donne corps à son rêve. La Mort la presse, elle le sent à défaut de le dire expressément. L'entourent une jeune fille qu'elle a adoptée et qui la considère comme sa mère, le jardinier et sa femme qui s'occupent du domaine. Au loin, le village d'où est originaire la vieille dame et où elle a dérobé - il n'y a pas d'autre mot - à chaque mort en partance pour le cimetière un objet particulier destiné à l'immortaliser dans le fameux musée.
L'ambiance est recueillie, lourde, glauque, parfois malsaine (tout ce qui a trait aux meurtres de jeunes femmes et à leur assassin sans visage), étouffante, avec des touches de cauchemar ou de fantastique. Avec les personnages et en particulier le muséologue qui, finalement, restera de son plein gré pour diriger le musée à la mort de la vieille dame, le lecteur descend en lui-même, se pose des questions sur le sens de la vie - de sa vie - et, bien sûr, sur notre place de ciron dans ce phénomène inexplicable qui commence ( ? ) à notre naissance et se finit par notre mort ( ? ).
Un auteur intéressant, très subtil mais à déconseiller à toutes celles et tous ceux qui souffrent de dépression ou qui, par nature, voient la vie en noir. Un auteur qu'on peut lire de temps à autre, au compte-goutte.;o)