Quelle propriété pour les cathédrales ?

Publié le 22 octobre 2008 par Micheljanva

Jean-Jacques Aillagon préfère soutenir l'horrible Koons aux somptueuses cathédrales. Pour ces dernières, il préconise de redéfinir le périmètre des monuments appartenant à l'Etat et suggère de transférer la propriété de certaines cathédrales aux collectivités locales, dans un projet d'avis sur le patrimoine soumis mardi au Conseil économique et social. Le président du domaine national de Versailles suggère en outre qu'une petite partie (entre 0,5% et 1%) des recettes de la Française des Jeux soit prélevée pour aider à l'entretien du patrimoine monumental français.

Le projet de loi de finance pour 2009 fixe à environ 330 millions d'euros la dotation aux monuments historiques. Sous son ministère, en 2003, une commission présidée par René Rémond (décédé depuis) avait mené un premier travail qui avait débouché sur la décentralisation de la propriété d'une cinquantaine de monuments, sur la base du volontariat. M. Aillagon propose d'aller plus loin, notamment en se penchant sur le cas des cathédrales.

Depuis la loi de 1905 de séparation de l'église et de l'Etat, les cathédrales sont des biens nationaux. Or il y a à la fois des "édifices majeurs" (Paris, Bourges, Reims, Amiens...) et des "édifices plus modestes ou moins significatifs" (Pamiers, Montauban, Lille), estime le projet d'avis. Parallèlement, certaines grandes cathédrales gothiques, aujourd'hui désaffectées de leur fonction canonique de siège d'un évêque (Senlis, Sens, Toul), appartiennent à des communes qui en supportent la charge très lourde. L'Etat pourrait céder certains monuments et en "adopter" de plus importants et plus significatifs.

L'ancien ministre reconnaît que toucher à la propriété des cathédrales suppose de modifier la loi de 1905.

Michel Janva

Addendum : Autant pour moi (et pour l'AFP), la cathédrale de Lille n'est pas propriété de l'Etat. De l'ancienne collégiale saccagée en 1304 lors de l'invasion de la ville, ne subsista que la tête d'une statue de la Vierge à laquelle avait été associée plusieurs miracles. C'est sous la domination bourguignonne que Philippe le Bon fera rebâtir l'édifice et la statue sur laquelle fut posée la tête. La collégiale sera à nouveau détruite, cette fois-ci en 1792 avec la Révolution française. A l'instigation de Mgr Régnier, archevêque de Cambrai, une nouvelle basilique dédicacée à Notre Dame fut reconstruite à partir 1864 et sera achevée en 1874, avant de devenir une cathédrale en 1913 lors de la création de l'évêché de Lille par le Vatican. M. Aillagon n'a donc aucune autorité sur cet édifice.