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Le bruit et la fureur chez le Très Grand Ami des banques

Publié le 22 octobre 2008 par Omelette Seizeoeufs

L'une des techniques de communication les plus efficaces dans l'arsenal sarkozyën, et les plus difficiles à démystifier, c'est celle du paratonnerre. La religion, un match où l'on siffle l'hymne national (réaction gouvernmentale préparée à l'avance, via Plume de presse), et maintenant les parachutes dorés et les paradis fiscaux.

Un autre point fort de la communication chez le Très Grand Homme (TGH), c'est bien sûr sa capacité à agir en fonction des attentes des téléspectateurs. Je ne parle pas, bien évidemment, de leurs aspirations politiques et économiques profondes, de la réalité de leurs situations, mais plutôt de la manière dont ils s'attendent à ce que chaque histoire se termine : le petit n'enfant est retrouvé, on fait une loi de plus contre les gros méchants ; une crise bancaire sans précédent est le fait de comportements irresponsables de la part des banques, alors il faut des coupables, et il faut faire du bruit, en menaçant de s'attaquer aux paradis fiscaux.

Ces deux cibles ont de fortes résonances populaires : les parachutes dorés sont systématiquement perçus comme injustes, et sont surtout montés en épingle. Le sarkozysme aime tout ce qui peut être monté en épingle. Bien entendu. Les paradis fiscaux sont, un peu comme les niches fiscales et la chasse aux fraudeurs, autre cible des "yaka". Pourtant, "la chasse aux paradis fiscaux" ne va pas être facile, ne va même pas être possible. Comme le signale Dagrouik, les banques françaises sont déjà bien implantée dans les îles Cayman, à Guernesey et ailleurs. Personne n'a encore parlé d'obliger nos fleurons de renoncer à ces pratiques avant de leur filer leur premier paquet de milliards.

Et à peine les premières gesticulations lancées, nous avons la réponse de l'un des acteurs de ce secteur, Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg :

"Je suis tout à fait ouvert pour discuter des vertus du secret bancaire [en vigueur au Luxembourg, ndlr] (...) mais nous ne sommes pas prêts à nous mettre volontairement sur un banc d'accusés. (...) Nous ne sommes pas obligés de nous rendre à des convocations franco-allemandes", a-t-il déclaré sur France 2. Et d'ajouter: "La France aussi connaît des niches fiscales (...) Elle n'est pas plus exemplaire en matière de moralité financière que le Luxembourg."

Et tac!

Et quand le TGH aura vaincu le Luxembourg, il pourra s'attaquer à la Suisse (profitez-en pour faire du ski), puis les îles (un peu de bronzage)...

Bref, le grand coup de balai dans les pratiques financières, le plus jamais ça!, la moralisation du capitalisme, on peut douter. Car même en cas de réussite - dans le cas des parachutes dorés surtout -, la direction de ces mesures ne va pas vers le noeud du problème, mais vers des symboles, des têtes d'épingles, des historiettes qui font bon effet. La volonté de peser réellement sur tous les facteurs qui ont contributé à la crise actuelle est curieusement absente : quel rapport entre les rénumérations des grands patrons et les subprimes ? quel rapport avec les paradis fiscaux ? Aucun.

Et pendant ce temps-là, on soigne les banques. D'un bon papier sur Mediapart :

Les banques, elles, parlent d'un accord gagnant-gagnant. Il est vrai qu'elles l'ont bâti de bout en bout. «Nous avions posé nos conditions, et parmi celles-ci, que l'Etat ne nous apporte pas de vrai capital. Nous ne voulions pas d'un Etat avec des pouvoirs dans la gestion des établissements», rappelle dans Le Monde Georges Pauget, le président de la Fédération bancaire française (FBF), également directeur du Crédit agricole. De son côté, BNP Paribas se félicitait dès mardi matin de cette mesure qui n'aura «de conséquence ni sur l'actionnariat, ni sur la gouvernance du groupe». «Cette émission ne diluera pas les actionnaires et n'aura aucune conséquence sur la gouvernance de BNP Paribas et sa politique de dividende», explique la banque dans un communiqué. Voilà qui va réjouir les contribuables.

La claque ? Plutôt une caresse. Mais ça, c'est pour le prochain billet.


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