Barack Obama installe Internet comme le vecteur privilégié des campagnes modernes.
Au début des primaires américaines pour la présidentielle de 2004, l'éclosion imprévisible d'un candidat était intervenue: celle d'Howard Dean.
Cette éclosion a constitué une nouvelle étape décisive. Elle a été rendue possible par l'installation du web non seulement comme outil de communication à part entière mais surtout comme un nouveau vecteur de communication bouleversant les méthodes traditionnelles.
Joe Trippi, ancien manager de la campagne Internet d'Howard Dean, a introduit une nouvelle distinction entre les campagnes "open source" par opposition aux campagnes traditionnelles organisées selon les modes hiérarchiques classiques.
Dans cette lignée, il a conceptualisé la "nouvelle campagne de communication"qui doit présenter sept caractéristiques pour être efficace:
1) elle intègre Internet comme un outil de communication à part entière au même titre que les journaux, la radio, la télévision.
2) Internet est une source d'information avec une double vocation: informer et comparer. Internet est l'outil de communication généraliste par excellence. Le site Internet doit être la télé du candidat.
3) Internet est devenu le support de synthèse inégalable. Il conjugue l'écrit, l'image, l'image activée et le son. La vidéo a pris la première place et la qualité du site est désormais étroitement dépendante de la qualité des vidéos.
4) Parce qu'il est un support d'information à part entière, Internet suppose une démarche cohérente, professionnelle à l'exemple des précautions prises dans la gestion des relations avec les autres médias. C'est le premier poste des équipes de campagnes en nombre, en professionnalisme, en budget.
5) Parce qu'Internet a une culture "à part", les informations doivent conserver des caractéristiques propres à ce support sans se fondre dans les coutumes des autres médias. Un site Internet de qualité est donc un site qui dégage un tempérament qui le différencie des concurrents. C'est donc la course permanente à la "valeur ajoutée" de la dernière version.
6) La logique "live" doit être assumée à fond. Internet c'est le support de l'info à chaud. Elle est éphémère mais vive.
7) Comme pour tout support d'information, l'étape nouvelle permanente est la bataille des audiences donc des routages et des annonces.
D'outils complémentaires, les sites Internet se sont ainsi inscrits désormais au coeur de la politique de communication.
Ce fut le cas du site Internet du candidat Obama qui sera au coeur de toute sa campagne de communication.
Mais surtout, ce moyen de communication va devenir un moyen d'implication et tout particulièrement dans la collecte des fonds.
Dans la compétition à la collecte de fonds, les Républicains ont traditionnellement un avantage considérable. Pour la première fois, les Démocrates les ont battus et largement. Ils ont collecté des sommes records.
Non seulement les Démocrates ont collecté davantage de fonds que les Républicains mais, au sein des Démocrates, c'est un candidat pour une première présidentielle qui a devancé une ex-First Lady habituée des réseaux.
Comment expliquer cette situation ?
Pour l'essentiel, Barack Obama a mis en place la première collecte de fonds via Internet par un système de relais de collectes. Il a été le premier à poser comme principe d'efficacité que la collecte c'est le don personnel + l'amorçage d'une chaîne de donations complémentaires.
Le donateur ne doit pas considérer qu'il a rempli son apport en envoyant sa participation. De façon indissociable, son apport passe par la mise en place d'une véritable chaîne et il en est de même pour chaque autre donateur de cette chaîne.
Internet est ainsi devenu le meilleur réseau de collecte de fonds.
Obama a innové. Il restera une logique Obama dans la collecte des fonds bien au-delà de son résultat dans la présidentielle 2008.
S'il n'y a pas de corrélation entre le montant de la dépense et la victoire ou l'échec car l'argent n'achète pas le succès électoral, force est de constater que les sommes considérables levées par Barack Obama ont permis d'organiser la campagne sur le terrain dans des conditions très efficaces qui ont probablement fait une partie de la différence avec Hillary Clinton lors des derniers scrutins décisifs dans la primaire démocrate.
Sans le coffre fort constitué grâce à la multiplication de petits dons, Barack Obama n'aurait pas pu quadriller le territoire de petites antennes locales qui vont assurer le plus grand retentissement à chacune de ses visites locales. Alors même qu'il doit lutter contre un vétéran du Vietnam, les statistiques officielles font apparaître que Barack Obama a bénéficié de soutiens financiers de militaires plus nombreux que ceux accordés à McCain. Les troupes stationnées à l'étranger ont donné six fois plus à Obama qu'à McCain.
C'est certes probablement l'effet d'une promesse de retour rapide des troupes mais surtout l'effet de campagnes permanentes de mobilisation de fonds via Internet.