Nicolas Sarkozy vient de proposer la création de fonds souverains nationaux en Europe, afin de se prémunir contre les crises graves telles que celle que nous venons de connaître, entres autres, mais aussi de l'acquisition nde nos fleurons industriels par des puissances étrangères profitant de cours indus. Je trouve l'idée intéressante : en effet, cela donnerait à l'Europe une force de réaction économique rapide en cas d'emballement des marchés et permettrait à chaque pays de se protéger plus efficacement.
« Ces fonds permettraient de profiter d'un argent qui n'est pas cher pour acquérir des actifs stratégiques dépréciés, le temps que la crise passe, avant de les remettre sur le marché ». Oui, pour ma part, je trouve que c'est plutôt bien pensé.
Il y a cependant un certain nombre d'écueils auxquels il faut prendre garde : tout d'abord, ne pas fausser la concurrence excessivement. Par exemple, lorsque le Gouvernement a annoncé la mise à disposition d'un très importante fonds de garantie pour sauver des banques éventuellement en danger, il a aussi créé un déséquilibre sur le marché. La preuve en a été que les cours des banques susceptibles d'être aidés ont flambé, alors que les banques autonomes ont au contraire perdu (la BNP par exemple). Temporairement, toutefois.
Ensuite, créer un fond souverain, je veux bien, mais avec quel argent ? Beaucoup d'Etats Européens sont largement endettés, à commencer par la France. Peut-être faudrait-il commencer par cela...Cela dit, sur les aspects stratégiques, Nicolas Sarkozy a parfaitement raison. Il ne faut pas oublier qu'actuellement, de gros pays producteurs de pétrole en disposent, et pas un d'entre eux ne fonctionne avec une démocratie digne de ce nom. Nous sommes à leur merci. Se donner la possibilité de se protéger est un impératif catégorique. Il doit en revanche être entendu qu'un tel fond ne doit pas être une cagnotte ou un fond de secours pour combler un déficit. Avec la France, je me méfie...
Notons que l'Italie a choisi une autre option : elle souhaite plafonner la présence des fonds souverains dans son économie à 5% du capital des entreprises. Choix risqué qui pourrait à mon avis conduire l'Italie devant un tribunal de l'OMC.
Et puis toute la difficulté, évidemment, cela va être de convaincre nos partenaires en bonne santé de la pertinence d'un tel projet. Or cela commence déjà mal puisque l'Allemagne vient de faire savoir qu'elle n'était pas du tout favorable à cette initiative.