Le Nouvel
Observateur et Radio France invitaient au printemps dernier les Français à se souvenir de leur enfance. Les éditions Les arènes, sous la houlette de
Jean-Pierre Guéno, ont reçu dix mille témoignages et en ont retenu cent. Enfances joyeuses ou déchirées, agrémentées de photos jaunies, écornées, et c'est toute une mémoire
singulière et collective qui surgit sous nos yeux. Le local devient ici universel. Le temps, plutôt celui des DS 19 et du général de Gaulle, n'en sort pas moins de son cadre pour tirer les fils
de toutes les enfances passées et à venir.
Le livre publié par Les arènes est un livre d'art servi par une mise en page du meilleur goût. Il est également disponible en Librio à 3 € mais sans les images. Ceux qui me
connaissent sauront m'y retrouver. Voici quelques pépites glanées au hasard de ma promenade en cette terre d'enfance, parmi les repousses du souvenir :
Elle repassait du linge blanc, des mouchoirs à grands carreaux, des serviettes épaisses. Le pliage sur lequel venait un coup de fer expert m'émerveillait. (Patrick)
Comme si cela ne suffisait pas, depuis peu, papa s'est improvisé projectionniste de cinéma. (Claude)
J'ai sept ans et demi. Maman est morte aujourd'hui. (Anne-Marie)
L'enfance, elle est restée là-bas, sous un amas de terre. (Irène)
Depuis longtemps déjà, une photo de jeune femme posée dans son cadre de bois sur le chambranle de la cheminée de la salle à manger m'intriguait. (Claude)
J'ai dû être heureuse au tout début de ma vie, mais je ne m'en souviens pas. (Martine)
Cette année-là, dès le début du mois de décembre, les parents avaient prévenu : pour une fois, le Père Noël ne passerait pas. (Christiane)