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"A Mélie, sans mélo" Barbara Constantine. Roman. Calmann-Lévy, 2008.
Elle, c'est Amélie (mais tout le monde l'appelle « Mélie ») et elle a soixante-douze ans.
En ce début d'été, elle vient de recevoir une enveloppe contenant ses résultats d'analyses sanguines. D'après son médecin (qui est aussi son ex-beau-fils) les conclusions à en tirer semblent assez préoccupantes.
Mais Mélie n'en a cure, elle verra tout cela plus tard. Ce qui importe, pour l'instant, c'est l'arrivée pour les vacances d'été de sa petite-fille Clara.
Et il n'y a pas de temps à perdre, la petite arrive aujourd'hui même par le train de 15H12. Mais la voiture est en panne (encore une fois!) et il y a environ douze kilomètres entre la maison et la gare. Qu'à cela ne tienne ! Mélie enfourche sa vieille mobylette, attelle la remorque pour y transporter le vélo de Clara, et la voilà partie !
C'est qu'elle y tient, Mélie, à sa petite Clara, sa « Clarinette », sa « pépette », une petite colombienne adoptée par sa fille Fanette. Et ce n'est pas une histoire de bilan sanguin qui va empêcher Mélie de s'occuper de sa petite-fille pendant ces deux mois de vacances.
Alors Mélie va se mettre en quatre pour la petite. Ensemble, elles vont s'amuser à regarder pousser les bambous en écoutant des airs d'opéra, à observer des araignées tisser leurs toiles, pêcher dans la rivière, guetter les étoiles filantes...
Au début, Clara pense s'ennuyer, d'autant plus que sa Playstation ne fonctionne plus. Que faire ? Les journées ne vont-elles pas paraître trop longues dans ce petit coin perdu de campagne ? Mais c'est sans compter sur le défilé incessant de personnages qui vont se retrouver chez Mélie. Il va y avoir Antoine, le petit copain de Clara qui va venir les retrouver pour échapper quelques temps à l'ennui qu'il éprouve chez ses grands-parents, mais aussi Marcel, un vieil ami de Mélie, ancien garagiste, qui perd peu à peu le moral dans sa maison de retraite, et puis aussi Bello, le parrain de Clara, un ex de Fanette, célibataire de quarante-sept ans, un peu bohême, contrebassiste dans un groupe de jazz manouche et qui collectionne les « fieuls »
Et il y a aussi Pépé, l'infirmier espagnol qui accompagne Marcel quand il est invité chez Mélie, il y a Mine et Raymond, des amis d'enfance de Mélie qui aiment à se retrouver pour évoquer leur jeunesse, sans oublier la petite chatte baptisée Léon (« George Sand, elle avait bien un nom de garçon ? Alors, pourquoi pas Léon ? »)
Il va s'en passer des choses, durant cet été chez Mélie. Des couples vont se défaire, d'autres vont retrouver un deuxième souffle, tout cela sous l'oeil amusé et un tantinet complice de Mélie et de Clara. Des souvenirs enfouis vont remonter à la surface, souvenirs douloureux ou attendrissants, et Marcel, qui ne pourra plus feindre, va devoir faire une révélation...
« À Mélie, sans mélo » est le deuxième roman de Barbara Constantine, après « Allumer le chat ». Elle nous présente ici des personnages un peu moins singuliers que dans son premier roman mais qui sont tous ici croqués avec la même tendresse qui avait prévalu dans « Allumer le chat ».
Les deux romans ne sont pas d'ailleurs sans quelques points communs : la vie à la campagne, une galerie de personnages attachants, des dialogues savoureux, une volonté d'évoquer certains sujets graves sous le couvert d'une feinte légereté, des chapitres courts et percutants au service d'un récit qui embarque le lecteur dans un florilège d'anecdotes, de petits faits apparemment anodins mais chargés de sens qui donnent au texte un attrait et un sentiment de véracité tout simplement jubilatoires.
Et l'on s'en donne à coeur joie, de découvrir au fil des pages tous ces personnages qui se livrent à nous en toute simplicité et nous font partager leurs vies avec tout ce qu'elle contient de tracas mais surtout de petits bonheurs décelés dans les moindres recoins de l'existence.
Et l'on se prend à rêver – à la lecture de cet ouvrage – de retrouver nos douze ans et de passer un été chez Mélie, à faire des balades en vélo, à construire des cabanes dans les arbres, à apprendre la mécanique avec Marcel, à confectionner des confitures de prunes et, le soir venu, rêver en contemplant la campagne qui s'endort. Que du bonheur !
Une interview de Barbara Constantine par Michel Field ICI
Les avis de Nina, Caroline, Fashion, Bernard, Cathulu, Keltia, Martine et Clarabel.