En lisant Le Père Serge,
une longue nouvelle de Tolstoï (70 pages en livre de poche), je
repensais à un roman que j'ai parcouri il y a déjà
plusieurs années, sur le même sujet. De François
Weyerganz. Vous savez, il a eu le Goncourt il y a quelque temps, pour
un livre qui n'était de loin pas son meilleur.
Récompense d'une oeuvre,
peut-être. Weyerganz a mérité de la patrie,
notamment avec son Franz et François, où il
règle ses comptes avec son père, écrivain aussi.
Comme Le Père Serge, le
roman de Weyerganz parlait d'un saint. Les époques étaient
différentes. Les premiers siècles de la chrétienté
pour celui-ci, les années 1840 à Pétersbourg
pour celui-là. Mais il y a des similitudes fortes.
Tous deux, par exemple, quittent le
monde plus ou moins par orgueil, deviennent ermites, leur réputation
croît, ils attirent petit à petit la foule et, piégés,
doivent fuir, disparaître, changer d'identité. Puis ils
effectuent un trajet personnel pour se dépouiller du monde, de
l'orgueil, du moi, pour atteindre à l'humilité parfaite
et à la dépossession radicale, qui rime avec
l'ouverture et la transparence à Dieu.
Avec quelque chose de plus âpre
chez Weyerganz, de plus radical et qui frise l'inhumain, où il
y a chez Tolstoï de l'effusion et un peu de douceur.
Enfin, ce sont surtout des documents un
peu inquiétants. Car qui rêverait de tout quitter et de
devenir un saint aujourd'hui, dans nos sociétés? De cette manière?
Ou, en tout cas, ces gens-là
n'ont plus valeur d'exemple...