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Interview de Marc, suisse et canadien, docker à Vancouver #1

Publié le 13 juillet 2007 par Touline

Vancouverxargo.jpg(pour garder le côté vivant, j’ai gardé les tournures orales du récit de Marc)

Marc, comment es-tu arrivé à Vancouver ? D’abord, pourquoi as-tu voulu partir de Suisse ?

La Suisse, c’est trop petit…

Tu as commencé par l’Angleterre je crois ?

Tu sais en Suisse il y avait beaucoup d’américains…et d’américaines, alors j’ai appris un peu l’anglais et puis j’ai eu une bonne amie anglaise qui est repartie là-bas alors je l’ai suivie. Je suis mécanicien auto, j’ai fait mon apprentissage en Suisse. Alors en Angleterre, j’ai trouvé du boulot chez Peugeot dans un garage, mais je n’avais pas le droit de travailler ailleurs, j’avais juste un permis pour ce garage là.

Et cela a duré 3 ans et puis je m’ennuyais, c’est toujours la même chose à réparer des Peugeot. Puis un jour, déjà je ne m’entendais plus trop bien avec ma bonne amie, j’ai vu une annonce pour le Canada où ils avaient besoin, comment tu dis « tradesmen », tu sais des électriciens, plombiers, mécano… Alors j’ai fait les papiers d’émigrant et tout.

Et tu es arrivé au Canada

Oui, je m’en souviens encore, c’était le 21 février 1975, j’ai débarqué à Montréal, il faisait froid !! Là j’ai fait le boulot de mécano dans un garage, je réparais des Fiat et des BMW, j’ai tenu 6 mois ! J’étais tout seul, mal payé.

C’est là que j’ai voulu aller à Vancouver pour voir l’autre côté. En fait je voulais aller dans l’Alberta pour travailler dans le pétrole ! Et je me suis retrouvé 6 semaines dans un camp de bucherons, là c’est dur, là tu travailles…
On parlait des ours, tu aurais vu, je voulais pas le croire au début, les gars ils me disaient, mais si, ce sont des ours qui ravagent tout et nous bouffent nos sandwichs. Il y a un vieux, il m’a pris par l’épaule, et m’a dit, viens voir mon p’tit gars, il m’a fait monter dans le camion, et à 300 m dans une clairière, il y avait une dizaine d’ours, ouououh…

Et puis le camp a fermé pour l’hiver, alors je suis allé voir sur les docks, ils ont souvent besoin de mécano, et puis voilà, je suis resté 4 ou 5 mois, puis dans une autre société j’ai réparé des camions Mack pendant 7/8 mois et puis je suis retourné sur les docks. Et puis cela fait 30 ans.

Tu es sur les grues ou les portiques qu’on voit dans le port ?

Non je suis à l’entretien du matériel, tu sais on a 250 grands chariots élévateurs, 200 chariots plus petits, cela en fait de l’entretien ! Bon, j’ai d’abord été 10 ans à l’entretien, puis 2 ou 3 ans à l’aiguillage, on a 4 rails qui traversent le port et puis 2 ans à conduire les locomotives. Après j’ai été 10 ans au chargement des bateaux, en particulier j’ai chargé du soufre, comme tu vois en ce moment en face, avec le halo jaune…

L’odeur ne doit pas être très agréable ?

Oh, l’odeur, tu t’habitues. On faisait cela avec des wagonnets. 1 200 tonnes à l’heure. Je travaillais la nuit surtout, le port il travaille 24 h/ 24, c’est bien mieux payé, à l’époque, c’était le double, maintenant c’est un peu moins, mais on a un bon syndicat. Et puis je suis revenu à l’entretien, parce qu’il fallait que je m’occupe de mes enfants, donc le travail de jour, c’était mieux.

Quelles sont les marchandises que tu embarques ou débarques le plus ?

Vancouver, c’est surtout un port d’exportation ! De la richesse minière du Canada : du soufre, du zinc, du plomb, du cuivre, du charbon et puis aussi de la luzerne, de l’orge, de la potasse…

Et le bois ?

Ah, c’est tellement évident que je l’oublie, le bois bien sûr ! Et puis on décharge aussi, plutôt des produits finis qui viennent de Chine.

A suivre


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