Alain MINC fait partie de ceux qui nous ont expliqué pendant des décennies que l'intervention de l'Etat devait se limiter strictement aux fonctions régaliennes. Il fait partie de ceux qui ont fustigé violemment l'Etat dit "Providence".
La liquidation de l'Etat Providence a été parfaitement réalisée par un dénommé George BUSH : "Paradoxalement, au cours de son premier mandat, cette Administration conservatrice affiche sa volonté de réformer le système de l’éducation et la sécurité sociale. Puis, en 2005, l’échec du plan de Social Security et les terribles conséquences de l’ouragan Katrina ont conduit à changer de plan. Au cours du deuxième mandat, la non-intervention du gouvernement fédéral est conçue comme une forme d’intervention. Au final, la « non-intervention » de la Federal Emergency Management Agency véhicule une nouvelle définition des liens entre l’État et la société civile. Loin du concept d’« État associatif », promu par Herbert Hoover et ses confrères républicains, l’Administration Bush a défini une nouvelle mission et de nouveaux objectifs pour le gouvernement fédéral : en matière de politique intérieure, la non-intervention doit devenir la règle ... / ... " Source CAIRN
Mais au fait, c'est quoi l’Etat-providence ?
Nous vous proposons quelques extraits de la définition de La Documentation française©
Au sens large, l’ensemble de interventions économiques et sociales de l’État Dans un sens plus restreint, uniquement l’intervention de l’État dans le domaine social, particulièrement à travers le système de protection sociale.
Cette conception s’oppose à celle de l’État-gendarme, limitant le rôle de l’État à des fonctions régaliennes (ex : justice, police, défense nationale) ... / ... La mise en place, en France, d’un État-providence développé s’est concrétisée par la création de la Sécurité sociale le 4 octobre 1945. Le système français de protection sociale conjugue aujourd’hui les dimensions d’assistance et d’assurance sociale afin de garantir contre les "risques" vieillesse, maladie, chômage et famille ... / ... Définition complète
Les libéraux ont eux même une définition de l'Etat providence. Opinion libérale sur l'Etat providence par Wikiberal
Les libéraux considèrent qu'il chasse et remplace les solidarités, isole les individus, développe l'assistanat, exclut les gens trop mal au fait de leurs « droits sociaux » et décourage les producteurs de richesse. En réalité, la société perpétue ainsi une vieille tradition de paternalisme qui remonte au Moyen Age, où le Seigneur se devait de protéger ses serfs, et la bourgeoisie du XIXe siècle, imprégnée de cette notion de charité, a consacré la tradition. L'individu est considéré comme un assisté, incapable de se prendre en charge.
Pour les libertariens, l'Etat-providence est la plus vieille escroquerie du monde, pratiquée dans le passé par tous les dominants et tous les pouvoirs. Elle consiste seulement à prendre l'argent des gens, et à le leur rendre "généreusement" un peu sous forme de protection, comme peut le faire n'importe quel parrain de la mafia ... / ...
La période actuelle ayant réduit les amoureux ou contempteurs du libéralisme économique au silence, il est toujours intéressant, voir amusant de relire ou faire relire ce que ceux-ci ont pu déclarer ... avant la crise financière
Discours de Tony Blair, Conseil national de l'UMP, 12 janvier 2008 :
... / ... Rendre l’Etat providence actif et non passif. Autrement dit, quand une personne doit, indépendamment de sa propre volonté, toucher une allocation, l’objectif doit être de retrouver un emploi et non pas d’alimenter sa dépendance vis-à-vis de cette allocation. Aider fait partie des responsabilités de l’Etat, s’aider soi-même fait partie des responsabilités de chaque individu.
L’équilibre entre travail et vie privée est la nouvelle frontière de l’Etat providence. L’aide que nous accordons aux femmes et aux hommes en matière de garde d’enfants, de congés de maternité et de paternité, d’aménagement des horaires de travail, dans notre monde moderne, il s’agit tout autant d’assurer le bon fonctionnement de l’économie que d’assurer le soutien des familles.
Le monde vit à l’heure d’une nouvelle politique industrielle, il ne s’agit pas pour l’Etat d’essayer de diriger les entreprises. Ma propre expérience m’a montrée que les gens d’affaires et pas les fonctionnaires sont les mieux placés pour diriger les affaires. Il s’agit en revanche d’investir dans les sciences, dans la création de petites entreprises, de créer le milieu dans lequel les entrepreneurs et les cerveaux se sentiront libres de réussir. Parce que lorsqu’ils réussissent, nous en profitons tous ... / ...
On se doit bien entendu de ne pas oublier l'inénarrable Michel GODET qui hantait il y a encore peu les plateaux de télévision pour nous abreuver de ses litotes ultra libérales (Il prétend avoir inventé : "travailler plus pour gagner plus")
Extraits du Chat du site de l'Institut Montaigne 24 mai 2007
M.Godet, selon vous quels sont les véritables risques auxquels est confronté le capitalisme mondial ? Et français ?
Le capitalisme mondial se porte bien, merci pour lui ! Nous vivons une extraordinaire "Belle Epoque" qui ferait rêver nos arrière-grands parents puisque, depuis 1900, l'espérance de vie a augmenté de 44 ans et qu'elle augmente partout dans le monde à l'exception de quelques anciens pays de l'Est ou africains où la société s'effondre, justement... faute de capitalisme moderne. Les limites proviennent des questions QUALITATIVES posées par le dévelopement durable et le viellissement des populations. Ce n'est pas l'argent qui fait le bonheur. "Le vrai riche est celui qui ne mange pas seul à table, comme on dit en Afrique, et la production de richesses qui ne soient pas productrice de lien social n'a pas de sens. Le le vrai sens du capitalisme, l'honneur du capitaliste qui a réussi, c'est l'économie du don. Comme le montre Bill Gates, qui ne fait d'ailleurs que redécouvrir l'Evergétisme de l'antiquité, où les riches se ruinaient pour l'intérêt général en construisant acqueducs et théâtres pour le bien du peuple.
Monsieur Godet, vous parlez toujours de l’audace de la réforme, franchement, vous trouvez audacieux d’aller faire des cadeaux aux riches ? Sarko, c’est l’audace de classe…
Un pays qui fait fuir ses riches est un pays qui s'appauvrit. Le patrimoine moyen des 1 à 2 Français qui quittent chaque jour la France pour échapper à l'ISF est de 2 millions d'euros. Les petits riches quittent désormais le pays... les grands riches sont déjà partis. Je me demande d'ailleurs si la réduction de inégalités constatée en France entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches ne vient pas... de ce que les plus riches sont partis! Les vrais libéraux, dont je ne suis pas, sont plutôt choqués du fait qu'on n'ait pas eu le courage de supprimer l'ISF, et qu'on exonère les droits de succession. L'objectif, c'est d'éviter la reproduction des inégalités d'une génération à l'autre, et de ne pas pénaliser l'accumulation de richesse permise par le travail.
Lorsqu'on sait que la quasi totalité des fortunes se font par ... l'héritage, on doit reconnaître que Monsieur GODET est ... impayable.
"Le capitalisme mondial se porte bien, merci pour lui ! Nous vivons une extraordinaire "Belle Epoque" C'est vrai puisque
Après qu'on ait appris que : La partie française du plan d’action européen de sauvetage du secteur bancaire sera dotée de 40 milliards d’euros destinés à la recapitalisation de ses banques, a annoncé Nicolas Sarkozy au cours d’une conférence de presse. La France va pour cela créer une société publique. Dans le même temps, le président de la République a indiqué que le montant destiné à la garantie des prêts des banques sera plafonné à 320 milliards d’euros. Source Investir
Nous apprenons que
Le Crédit Agricole recevra de l'Etat 3 milliards d'euros, BNP Paribas 2,55 milliards, la Société Générale 1,7 milliard, le Crédit Mutuel 1,2 milliard, les Caisses d'Epargne 1,1 milliard et les Banques Populaires 950 millions ... / ...
L'Etat ne compte donc pas entrer au capital des banques mais cette option n'est pas complètement exclue par la ministre de l'Economie, qui réaffirme "l'engagement, d'une nature distincte, de l'Etat à investir le cas échéant en capital si un établissement venait à connaître des difficultés majeures"... / .... Source Challenge
Furieux après l'Etat providence, les investisseurs ont fait connaître leur colère en réagissant vivement : "Les valeurs bancaires s'envolaient, mardi 21 octobre, après que le gouvernement a décidé de passer à la réalisation de son plan d'urgence. A 11h30 (9h30 GMT), Crédit Agricole (+12,63% à 11,77 euros) prenait la tête des valeurs du CAC 40, tandis que Société Générale grimpait de 9,01% à 47,89 euros et BNP Paribas de 7,83% à 59,19 euros, dans un marché parisien en rebond de 2,21%"
John Maynard Keynes donnait un conseil à ceux qui sont au fond du trou : "la première chose à faire c'est d'arrêter de creuser" Il serait temps de l'entendre. A moins que, les promoteurs du libéralisme économique ne prennent goût à un état providence qui sait, pour une fois, (pour leur plus grand plaisir) récompenser la spéculation et l'incompétence ?
Les déclaration de François FILLON le 7 octobre à l'Assemblée Nationale auront en tous cas fait leur miel "En cas de défaillance d’une banque, la "solution" consistera "à en prendre le contrôle, à démettre les dirigeants qui n’ont pas réussi et à les remplacer par des dirigeants qui auraient toute la confiance du gouvernement, à redresser cet établissement bancaire et à remettre les participations de l’Etat sur le marché lorsque les circonstances le permettront" et d'ajouter " Enfin, l’État n’a pas vocation à rester un actionnaire durable. Une fois l’entreprise redressée …" Source Assemblée Nationale
En Champagne, on doit déjà penser aux commandes à venir ... A la santé de l'Etat providence
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