Le suicide d'un écureuil dans sa cuisine, c'est de l'art aussi..!!!

Publié le 21 octobre 2008 par Jérémy Dumont

photo : santi Caleca au Palazzo Grassi

L’exposition «Italics. Art italien entre tradition et révolution 1968-2008», actuellement présentée au Palazzo Grassi à Venise, fait pas mal de vagues, non seulement sur la lagune mais dans toute l’Italie. Il faut dire qu’il y a de quoi : Francesco Bonami, le commissaire de la manifestation, n’est vraiment pas allé dans le sens du consensus, et sa façon de résumer quarante années d’art italien est pour le moins singulière. Rien d’étonnant donc à ce que sa lecture de cette période fasse grincer des dents, notamment celles d’artistes, mais également d’historiens et critiques d’art comme Germano Celant ou Achille Bonito Oliva, qui furent les lanceurs et les théoriciens des mouvements de l’Arte Povera (en 1969, pour le premier cité) et de la Transavantgarde (au début des années 80 pour le second). Comptes.Francesco Bonami n’est pas un débutant. Né à Florence en 1955 et installé à New York depuis 1987, il a été directeur de la 50e Biennale d’art contemporain de Venise en 2003 et est actuellement, entre autres activités, conservateur honoraire du Chicago Museum of Contemporary Art (qui coproduit l’expo et l’accueillera en automne 2009). Après Celant et Oliva, il est considéré comme l’un des plus importants curateurs italiens. Alors, a-t-il voulu régler des comptes avec ses prestigieux aînés ? Quoi qu’il en soit, il n’hésite pas à occulter en partie la Transavantgarde en ne montrant qu’un tableau faible de Sandro Chia et une croûte d’Enzo Cucchi de 1979, peu représentative du travail de l’artiste. Mieux encore, Bonami oublie totalement Mimmo Paladino et Nicola de Maria. Rien que ça. De même, s’il met indéniablement un peu plus en valeur l’Arte Povera, l’absence de Jannis Kounellis est pour le moins criante (selon plusieurs sources, l’artiste aurait refusé de participer à la manifestation). Tout aussi étonnante, l’impasse totale faite sur les «Nouveaux Romains», Pizzi-Canella, Nunzio, Dessi… tous ces artistes intéressants qui ont pourtant été très présents à partir du milieu des années 80. Face à cela, le propos de Bonami est clair : il cherche à éviter de «retomber dans le labyrinthe habituel de la critique officielle». Partant du constat qu’en Italie tout est organisé selon le principe de la famille (politique, religieuse, criminelle…), y compris le monde de l’art, dont il propose une autre vision, il veut montrer des artistes «qui n’ont jamais réussi à monter dans le bon train, pour une raison ou une autre», selon ses propres termes dans le texte du catalogue. Il n’a «pas l’ambition de réécrire quarante ans d’histoire de l’art italien, mais essaie d’en faire un autre récit». Il ne s’agit donc en rien d’une rétrospective objective et exhaustive, mais d’un point de vue et d’un parti pris. Corps.En conséquence, le parcours est indéniablement inédit. Très dense, on y fait quelques découvertes ou retrouvailles. Mais si la position de Bonami est chevaleresque et courageuse, le résultat n’est pas toujours à la hauteur. Il y a certes de très belles œuvres, vu le nombre (250 de 107 artistes) le contraire serait surprenant. Ainsi, dès l’entrée, une sculpture en marbre de Maurizio Cattelan, neuf corps allongés recouverts d’un drap comme un retour d’Irak, ou, encore du même artiste dans une autre salle, un écureuil en train de se suicider dans une cuisine. La suite par ici!! Publié par : Loïc LAMY Publié sur : le vide poches / création Source : Libération