Un matin, le Petit a décrété: "Je veux mon papa." Il a repoussé son bol de chocolat et j'ai su, moi, Benjamin Malaussène, frère de famille, que le Petit n'avalerait plus rien tant que je n'aurais pas retrouvé son vrai père. Or, ce type était introuvable. Probablement mort d'ailleurs. Après deux jours de jeûne le Petit était si transparent qu'on aurait pu lire à travers. Mais il repoussait toujours son assiette: "Je veux mon papa."
Tant que le petit voulait son papa, il n'y avait rien de grave, quoique cela pouvait être surprenant dans la Famille Malaussène. Il y avait dans cet indicatif une simple demande. Mais cet indicatif s'est transformé en conditionnel, et Benjamin, quoiqu'habitué à sa famille exceptionnelle, prend peur... Je préfèrerais mon papa! Cette ordre poli mais intransigeant lui fait craindre que son jeune frère ne soit atteint de Bartelbisme... les faits lui donnant de plus en plus raison.
Alors, aidé de son ami Loussa de Casamance, un lettré sénégalais spécialiste de littérature chinoise, il va partir dans ses souvenirs à la recherche du père du Petit, entre mafia, grabat, ténia et littérature.
Ne vous fiez pas au nombre de pages, cette minuscule nouvelle est du très grand Pennac, du très grand Malaussène. On se laisse charmer dès la première page, et on est déçu à la dernière, déçu que ça se finisse déjà! Avec un clin d'oeil à un autre grand écrivain, Jerome Charyn... Un livre que je relis tous les deux ans... Si vous ne connaissez pas la famille Malaussène, courrez lire cette nouvelle fraîche et pleine d'humour.
Notez que le clin d'oeil a été rendu par Charyn dans son roman, Appelez-moi Malaussène, que j'ai hâte de trouver et de lire...