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Guerre et Paix, de Marine à Adel (Biennale de Venise 3)

Publié le 22 juillet 2007 par Marc Lenot

à la Biennale de Venise, jusqu’au 21 Novembre.

Pour faire la guerre, il faut :
- un drapeau. Marine Hugonnier, sous couvert d’un Hommage à Ellsworth Kelly, peint sur un journal palestinien des formes abstraites et colorées, qui, certes rappellent Kelly, mais ont deux autres fonctions. L’une est d’occulter le texte du journal comme le fait la censure  israélienne. L’autre est de recomposer clandestinement le drapeau palestinien, rouge, noir, blanc et vert, mais dans des formes et des proportions altérées, comme si le drapeau ne pouvait pas exister vraiment tant que l’Etat n’existe pas.

- des armes. Le Bulgare Nedko Solakov tente de nous raconter les démêlés entre son pays et la Russie à propos de la propriété intellectuelle de la Kalanishkov AK47. Il déroule son récit sur une grande fresque murale et des photos et vidéos; curieusement, tous ses interlocuteurs ou presque sont des femmes.

- des héros. Emily Jacir montre Material for a Film, le dossier qu’elle a assemblé sur le Palestinien Wael  Zuaiter, tué par le Mossad en 1972. A moins de connaître déjà l’histoire, on hésite entre réalité et fiction en regardant l’accumulation de photos, vidéos, documents qu’elle présente ici. Elle a marché dans ses pas, vécu dans ses maisons, lu ses livres (ci-contre l’exemplaire des 1001 nuits qu’il lisait au moment de son assassinat, troué par une des 12 balles tirées sur lui).

- des avions qui apportent la civilisation avec le tapis de bombes qu’ils larguent. Cette installation de l’Argentin Leon Ferrari, La Civilización Occidental y Cristiana, fit scandale en 1965. Son travail interpelle la dictature, l’armée, l’arme nucléaire : Jamais plus, crie-t-il.

- des lignes de front. Les photos du Japonais Tomoko Yoneda montrent des lieux en apparence anodins, mais ce sont des frontières, des lignes de front : prises depuis un côté, elles montrent un ailleurs inaccessible, mystérieux, menaçant. Seul un signe, une barrière presque invisibles le démontrent, mais c’est bien un autre monde : Corée du Nord vue depuis le Sud, Bosnie vue depuis la Serbie, Israël vu depuis la Palestine ou, ici Sniper View - View from Christian sniper position overlooking no man’s land, Beirut. La menace est omniprésente, celle que nous exerçons, celle que nous subissons.

- des destructions. Gabriele Basilico (récemment montré à Paris) photographie Beyrouth, les immeubles détruits par la guerre civile ou par Israël, la désolation, le désert urbain au milieu des gravats. Ses photos, sobres et dures, laissent sans voix.

- des combats. Le collectif russe AES+F montre une vidéo sur trois écrans, Last Riot , où dans un paysage irréel, de jeunes gens jouent un simulacre de combat d’une violence extrême sur la musique des Walkyries, sans sang, sans peine, sans contact. On ne sait qui combat qui, il n’y a pas de différence entre agresseur et victime, tout recommence sans cesse, la lutte est éternelle.

Et pour faire la paix, que faut-il ?

Adel Abidin , hébergé au Pavillon Nordique, a créé Abidin travels , une agence de voyage qui vous propose un séjour à Bagdad, “bien plus que des vacances”. Ci-contre un extrait de la brochure touristique (cliquez); vous y lirez en conclusion “Surtout, ne faites confiance à personne!” 

Photos Hugonnier, Jacir et AES+F par l’auteur. Photo Abidin scannée d’après brochure. Autres photos courtoisie du service de presse de la Biennale.
Toutes oeuvres copyright les artistes.
Solakov: dessin 76 x 112 cm de Mihaela Vlaseva et Svetozara Alexandrova, photo par Angel Tzvetanov, courtoisie de l’artiste et des galeries Arndt & Partners et Continua.
Ferrari (technique mixte, 2 x1.2x 0.5 m): photo Ramiro Larrain, colection et courtoisie de l’artiste.
Photo Yoneda : 106 x 125 cm, courtoisie de l’artiste et Shugo Arts.
Photo Basilico : courtoisie de l’artiste et du Studio Guenzani de Milan.
AES+ F (Arzamasova, Evzovich, Svyatsky et Fridkes) étant représentés par l’Adagp, la photo de leur oeuvre sera retirée du site à la fin de la Biennale.


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