Merci
à l'équipe de Mediarabe.Info pour m'avoir informé de la parution de cet article
Par Khaled Asmar, MEDIARABE.INFO
Depuis les primaires démocrates, qui ont abouti à la désignation de Barack Obama comme candidat à la Maison Blanche au détriment de Hillary Clinton, des médias arabes avaient évoqué le soutien syrien à Obama à travers deux hommes d’affaires américains, l’un d’origine syrienne et proche du régime, l’autre irakien qui avait fui l’Irak de Saddam Hussein pour se réfugier en Syrie. Les deux hommes auraient été commandités par Damas, affirmait le journal saoudien "Al Watan". Mais aujourd’hui, les soupçons sont de plus en plus pesant sur un rôle syrien dans la campagne du sénateur de Chicago, du moins à travers une campagne particulièrement hostile à McCain.
Cette campagne se déroule à travers les nombreux sites et blogs basés au Canada et aux Etats-Unis, ou encore au Koweït, dirigés par des Syriens ou des Libanais proches de la Syrie, qui ont la particularité d’être des Chiites et militants du Hezbollah.
Cette « machine à mensonge » et très controversé Khodr Awarki, à la tête de plusieurs blogs et sites au Canada, aux Etats-Unis et au Koweït (d’obédience chiite), a en effet accusé, le 18 octobre, un homme d’affaires libanais (sunnite), de financer, grâce à des fonds saoudiens, la campagne de McCain. Il lui est reproché d’avoir diffusé les rumeurs sur l’origine musulmane d’Obama, et d’avoir dévoilé les relations du candidat démocrate avec un ancien terroriste américain dans les années 1970... Awarki, sur commande syrienne (Damas et Riyad sont en rupture depuis 2005), accuse ainsi l’Arabie saoudite de financer indirectement McCain, par l’intermédiaire de ce Libanais, Jenah Hammoud. La contre-offensive de Khodr Awarki doit ainsi profiter aux démocrates et à Obama.
En effet, Awarki a lancé une campagne virulente contre McCain depuis un site basé au Koweït, (Diwan) dans lequel il publie des photos de Jenah Hammoud, tantôt seul, portant une arme, tantôt en compagnie du candidat McCain. A travers ses révélations qu’il admet invérifiées et invérifiables, Awarki compte influencer les électeurs américains, du moins l’électorat arabophone aux Etats-Unis. Pour ce faire, il affirme que « Hammoud est le coordinateur des actions terroristes américaines en Irak et au Liban, et qu’il est financé par l’Arabie, qu’il est le frère du conseiller de Saad Hariri, et qu’il supervise les milices sunnites au Liban » (pourtant, les événements de mai dernier ont prouvé l’inexistence de ces milices). Awarki publie en outre ce qui serait le CV de Hammoud, récupéré dans son ordinateur saisi dans son appartement de Beyrouth, quand « l’opposition nationale libanaise avait pris d’assaut les quartiers contrôlés par la milice de Hariri » (mai 2008). Il en ressort, selon des informations invérifiées et invérifiables (de l’aveu de leur auteur, mais qu’il prend pour une certitude) que « Hammoud est un agent américain ayant servi en Irak, au Liban, en Arabie, en Espagne et en France, avant de se mettre au service des Républicains et de John McCain, à la demande de l’Arabie ».
Pour étayer ces accusations, la blogosphère liée à l’axe syrien s’en est emparées et les a relayées, notamment au Canada, à travers un blog intitulé « Akhbar Montréal » (traduit en arabe « agence de Montréal »), une autre fabrique de mensonges qui n’existe que dans l’imaginaire de ses auteurs, et destinés à tromper les esprits en jouant sur les titres (le titre « Agence de Montréal » peut crédibiliser les mensonges alors qu’il ne s’agit que d’un blog accessible ici).
De ce qui précède, et à en croire Awarki, il convient de tirer plusieurs conclusions :
1- L’Arabie saoudite préfèrerait l’élection d’un président américain républicain que d’un président musulman. C’est dire la confiance qui règnerait entre Washington et Riyad au lendemain d’une possible victoire d’Obama. Ceci arrange Damas et Téhéran.
2- Les Américains auraient désigné un Libanais pour coordonner leur terrorisme au Liban et en Irak. Ils sont en manque d’hommes. De plus, McCain se laisserait prendre en photo avec un chef terroriste !
3- En connaissant les liens entre Awarki et les services syriens, et les fonds iraniens, il en ressort que Damas et téhéran ont déjà choisi leur camp. Défaire les Républicains pour démolir le projet défendu jusque là par Bush.
L’Iran et la Syrie, tout comme l’Arabie (si réellement elle finance McCain) ne semblent pas encore avoir compris ce que signifie la démocratie américaine. De ce point de vue, il est peu probable qu’ils acceptent le choix des électeurs et le verdict des urnes. Les Américains sont prévenus. Il leur appartient à eux seul de décider si les Etats-Unis doivent se soumettre aux désirs de Téhéran, de Damas et de Riyad, ou au contraire, ils doivent faire leur choix en fonction de leurs propres intérêts et de ceux de leur pays.