La démission de trois membres du directoire de la Caisse d’Épargne d’Île-de-France remet d’actualité la question de la responsabilité. En 1991, au moment de l’affaire du sang contaminé, Georgina Dufoix avait déclaré : « responsable, mais pas coupable ». Je ne sais plus qui, mais à l’époque, un commentateur avait fait remarquer qu’en fait, elle s’était trompé dans l’ordre des termes. Elle aurait dû dire : « pas coupable, mais responsable ».
Il est fort possible que les dirigeants qui viennent d’être sanctionnés n’étaient pas directement responsables de ces errements imprudents. Mais il convient de ne pas oublier que ces personnages justifient généralement leurs confortables émoluments par leurs lourdes responsabilités. De là à penser que lorsqu’à un certain niveau de salaire, on ne peut éluder ses responsabilités, il n’y a qu’un pas que j’aurais tendance à franchir.
Je le franchirai encore plus volontiers en abordant la sphère du politique. Depuis des mois, le président et le gouvernement déplorent à qui mieux mieux le vide des caisses de l’État. Les a-t-on vus depuis, en ce qui concerne leurs propres dépenses, essayer de limiter les frais ? Que nenni ! Bien plus, ils n’hésitent pas à annoncer sans vergogne une augmentation de leur budget. Bien sûr, ils ont pour le faire une foule de bonnes raisons. Mais visiblement, ils sont totalement inaptes au pilotage d’un État, qu’ils prétendent pourtant gérer comme une entreprise.
Il y a une vingtaine d’années, j’avais été détaché aux États-Unis, dans la maison-mère de la multinationale qui m’employait. Vers le mois de juin, il apparut que le chiffre d’affaires de l’année serait largement inférieur aux prévisions. Ordre fut donné de limiter les frais généraux. En particulier, sauf en cas d’extrême nécessité, les voyages étaient interdits. En l’espace de deux mois, plusieurs agences de voyages de la ville qui abritait les usines du groupe se trouvèrent en rupture de paiement. J’avais été saisi de la vigueur de cette réaction, aussi bien par la rapidité de la décision que par la fermeté de son exécution.
Nous sommes encore bien loin de ce type de pratiques. Je n’en veux pour exemple que le scandaleux exemple de la compagnie d’Assurances AIG qui, quelques jours après son sauvetage, a organisé une retraite d'une semaine pour ses responsables au très sélect St Regis de Monarch Beach, en Californie, pour la modique somme de 440.000 dollars !