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Motions en ballottage

Publié le 20 octobre 2008 par Philippe Thomas

Que croyais-je trouver à l’AG départementale de motions (150 personnes), samedi dernier à la Crèche ? Un ravissement ? De bonnes raisons de me mettre à jour de mes cotisations ?  Et une fois à jour, savoir pour qui voter ? Après les exposés des présentateurs de chaque motion, un débat s’ensuivit classiquement. C’est-à-dire qu’un certain nombre de questions sont posées par ceux qui lèvent le doigt et/ou se sont inscrits au préalable. Au bout d’un moment, le modérateur (le trésorier fédéral avait endossé ce rôle) a un peu vite jugé bon de ne plus accepter d’interventions.

C’était vraiment ballot, car les frustrés se sont bruyamment fait entendre comme le camarade Daniel Cardot qui est apparu crucifié de fureur, réclamant 45 secondes de parole et photographié les bras en l’air dans le Courrier de l’Ouest. C’était d’autant plus ballot, et même un peu mesquin, que tout ça n’avait guère d’importance, qu’il y eût 7 ou 17 questions et sur n’importe quel sujet, puisque les différents orateurs ne tinrent guère compte de ces questions dans leurs « réponses », à la notable exception de Pouria Amirshahi (motion C). C’était ballot car la fonction des débats internes au PS est avant tout cathartique (et l’on s’explique d’autant mieux l’irritation des frustrés) ce qui explique que l’ambiance devient soudain électrique dès que le micro circule après le ron-ron des morceaux d’éloquence liminaires. Ponctuées de réactions diverses, les interventions ne furent d’ailleurs pas forcément des questions appelant réponse.

Certains y allèrent de leur petite marotte, comme cette intervenante sur les laboratoires pharmaceutiques, sans doute parce que le PS est un laboratoire d’idées pour soigner la société. Il y eut tout de même des mecs sérieux, comme Rodolphe Challet qui posa une question sérieuse : « Nous sommes un parti réformiste. Pourra-t-on continuer à tenir un double discours par rapport au Modem : des alliances au niveau local et un rejet au niveau nationale ? » Il n’obtint aucune réponse. On entendit aussi un groupie d’âge mûr expliquer le plus sérieusement du monde que « c’est pas parce que Ségolène a un nouveau look qu’elle est devenue un chef de secte ». Merci camarade, tu nous as bien rassurés…

Un camarade très judicieux obtint les faveurs de la télé (France 3 régions) en déclinant les intitulés des différentes motions et commentant de manière anaphorique pour quatre d’entre elles au moins : « Qu’avons-nous là sinon de l’incantation ? ». Excellent effet en salle et à la télé. Bizarrement, sauf erreur de ma part, les motions les plus « utopistes » (B et F) seraient selon lui les moins incantatoires. En fait, à la relecture, je trouve tous les intitulés terriblement incantatoires… Un camarade de Parthenay s’inquiéta de la « stratégie d’opposition » à mettre en œuvre. Le seul conseiller général présent, Gérard Zabatta, se fit curieusement siffler après avoir parlé de la laïcité, sujet pourtant très consensuel au PS, et préféra se rasseoir. Enfin, une militante MJS intervint pour dire que le PS était invisible dans les luttes et que heureusement qu’elle était allée l’autre jour à une réunion organisée par la LCR contre la privatisation de La Poste, sinon le PS y aurait été encore invisible. Rien que pour ça, la jeune Stéphanie fut bien visible à la télé le soir même !

Le plus drôle fut ces précautions oratoires que prirent certains : « Je ne parle au nom d’aucune motion, je n’ai pas encore fait mon choix, mais… ». Dans les Deux-Sèvres comme partout, beaucoup ne veulent se fâcher avec personne en ne prenant pas position publiquement, alors qu’en fait, bien des choix sont déjà arrêtés au nom de l’efficacité et du meilleur leadership présumé pour le parti. Les idées et les argumentaires semblent passer au second plan. « Nous sommes tous déjà des motions de rassemblement. Quelle est la plus efficace ? C’est à vous de décider ! » a conclu Alain Richard, l’ancien ministre de la défense, pour la motion A. S’exprimant pour la motion E, l’avocat Jean-Pierre Mignard se lança dans une plaidoirie de haute volée, préconisant de  « parler avec nos deux ailes, la droite et la gauche ». Mais le bavard se fit flinguer en vol : « N’y a pas d’aile droite au PS ! » « Pas avec Bayrou ! ».
On alla se désaltérer unanimes tandis que quelques naïfs prosélytes minoritaires tentaient d’ultimes débauchages. Sollicité par France 3, je déclinai l’offre de m’exprimer devant les caméras (pas envie, pas besoin non plus) tandis qu’un apparatchik du sud Deux-sèvres tannait vainement les journalistes pour obtenir quelques secondes d’antenne… Je ne sais toujours pas si je cotiserai pour pouvoir voter mais j’ai revu avec plaisir pas mal de camarades. Jus de pomme, fouaces et tourteaux fromagés excellents.


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