La petite soeur des pauvres, des chiffonniers, celle aussi de l'Abbé Pierre, cette femme de 99 ans, à quelques semaines du centenaire, est allée rejoindre son Seigneur. Celle qui brillait de sa foi, qui irradiait la joie et le bonheur, la rebelle des pauvres, s'est éteinte aujourd'hui, dans son sommeil. Au-delà de la foi, dont je ne me réclame pas comme les croyants, tout au juste comme les personnes spirituelles et éthiques, je dirais que Soeur Emmanuelle a su transcender celle-ci et partager bien plus. Lu sur lacroix.com, elle nous transmettait son testament spirituel: amour pur, don de soi, retour à l'Eglise des premiers chrétiens, je cite:
"sur lacroix.com
30/08/2007 14:56
Pour une Église servante et pauvre, le Testament spirituel de Soeur Emmanuelle
Si je devais résumer l’essentiel de mon engagement religieux pour le transmettre aux jeunes générations, je dirais que j’ai toujours milité pour une Église servante et pauvre. Dans ma jeunesse, un tel idéal allait contre les idées reçues. Je me souviens d’avoir scandalisé les personnes présentes lorsque, en 1931, à vingt-trois ans, devant le monumental escalier du siège parisien de notre ordre, j’ai demandé à une mère du conseil de Notre-Dame-de-Sion : « Devrons-nous toujours passer par cet imposant escalier de marbre ? » La réponse à ma jeune impertinence fut : « Vous voulez faire sauter cet escalier à la dynamite ? » Et il a fallu attendre des années pour qu’un promoteur rénove tout l’immeuble, déposant le magnifique escalier afin d’aménager des appartements moins somptueux mais plus fonctionnels.***
[***"Moins somptueux, plus fonctionnel..." Comme pour les handis lol! Tout à fait d'accord! L'argent et l'Eglise n'ont rien à voir ensemble, à part pour partager, construire des projets communs.]
Durant le concile Vatican Il, la cause d’une Église servante et pauvre a commencé d’émerger. Elle correspondait au voeu d’une partie de l’Église préoccupée des manifestations de richesse qui existent malheureusement encore ici et là dans l’Église, à côté d’une authentique pauvreté que certains, dont moi, voudraient universelle. Il existe des palais épiscopaux trop fastueux, des monastères trop privilégiés. Mais j’ai aussi visité des évêques dans des HLM, qui avaient voué leur demeure aux oeuvres du diocèse. Et nombre de religieux habitent de modestes appartements dans des quartiers défavorisés.
À Rome, comme j’évoquais avec un cardinal les richesses des musées du Vatican, je reçus cette réponse : « Ma soeur , le président Mitterrand a-t-il le droit de vendre la Vénus de Milo ? » Je comprends très bien que, tout comme le Président français – pour lequel j’ai voté en 1981 – n’a pas le droit de vendre les chefs-d’oeuvre du Louvre, le Pape n’a pas non plus le droit de vendre les trésors accumulés par l’Église pendant des siècles grâce aux donations des fidèles. Mais – et c’est ce que je suggérai à mon interlocuteur – le Pape ne peut-il déléguer, par exemple à I’Etat italien, la gestion de ses musées, à charge pour lui de reverser chaque année une somme convenue qui aiderait les pays pauvres ? Le cardinal ne rejeta pas ma suggestion : « Ce n’est pas impossible, dit-il. Prions pour cela, soeur Emmanuelle ! »
Le 15 août 2004, j’ai eu la très grande joie de parler une dernière fois à Jean-Paul Il, à Lourdes. Je lui ai lu une supplique que j’ai ensuite remise à son secrétaire. Ma requête était que Jean-Paul II veuille bien écrire une Encyclique insistant sur le fait qu’une Église servante et pauvre serait le plus authentique et le meilleur message à transmettre au monde. Je me trouvais auprès du Pape après la très longue Messe de l’Assomption où il avait été chaleureusement ovationné par plus de cent mille jeunes. Mais il était alors épuisé, trop faible pour parler. II m’a écoutée, puis m’a adressé un sourire, faisant un signe amical de la main. Je ne saurai jamais si c’est seulement sa santé déficiente qui l’a empêché d’écrire cette Encyclique. Cependant je garde espoir et je confie à la jeunesse, afin qu’elle le réalise, mon idéal d’une Eglise servante et pauvre, une Eglise rayonnant l’amour évangélique pour qu’advienne enfin un monde plus juste et plus fraternel."
Soeur Emmanuelle, 15 août 2005"
Soeur Emmannuelle et son mot préféré: "Yalla!", qui témoigne chez Bernard Pivot de son incroyable énergie vitale:
Son message essentiel : "il suffit d'aimer!'
Soeur Emmanuelle : "Il suffit d'aimer"
envoyé par LeJourduSeigneur
Née le16 novembre 1908 à Bruxelles (Belgique) et décédée le 20 octobre 2008 à Callian (Var) en France. Elle est connue pour ses œuvres caritatives en Égypte auprès des enfants et est un symbole, dans l'opinion française, de la cause des déshérités.
Sœur Emmanuelle enseigne les lettres au Lycée Notre-Dame de Sion à Istanbul en Turquie et ensuite en Tunisie. (prof de lettres comme moi, eh oui!) Tout au long de ces années, elle ressent le désir de se mettre au service des exclus. Elle sensibilise ses élèves, de condition aisée, aux difficultés des populations démunies de leur pays. Elle enseigne à Alexandrie et s’attache beaucoup à l’Égypte.
Asmae, ( "écoute"), c'est l'Association de Soeur Emmanuelle pour aider les enfants.
Retrouvez ASMAE ici: CLIC!
**Sur over-blog, ASMAE héberge un site de vente de cartes à offrir. Pensez-y à Noël! Ici:
* ASMAE CARTES.
*Personnellement, je me souviendrai toujours de la rencontre télévisuelle de Djamel Debbouzze et de Soeur Emmanuelle. Lui la taquinant sur ses baskets, puis elle lui parlant en arabe. Lui écroulé de rire, évidemment! Belle rencontre de deux personnes au-delà des fois.
"Vivre, à quoi ça sert ?"
A son dernier livre, qui est sorti en librairie en février 2004, sœur Emmanuelle a donné pour titre : Vivre, à quoi ça sert ? C’était la question de ses 15 ans. Et, sa vie durant, elle s’est attachée à lui apporter une réponse : vivre, ça sert à aimer.
Bon repos grande soeur! C'est avec des personnes comme toi, qui ont tout compris, humbles et bonnes, que j'aimerais construire ce monde plus juste et plus fraternel!