Citoyens ! Tonton David dans sa formidable chanson sûr et certain aurait intérêt à partager ses vues avec l’Oncle Sam. Voici donc pourquoi j’ai moi aussi couché (sur papier) avec Anne Sinclair et DSK. De quelques leçons de com de crise…
Résumé des épisodes pour la presse française :
D’après le Wall Street Journal, qui a révélé l’affaire samedi, Dominique Strauss-Kahn aurait eu une aventure à l’hiver dernier avec Piroska Nagy, une ancienne haute responsable d’origine hongroise du département Afrique du FMI. Or celle-ci a démissionné du FMI en août dernier, lorsque l’institution réduisait ses effectifs. Les enquêteurs de la société Morgan, Lewis & Bockius LLP, qui rendront leurs conclusions fin octobre, doivent déterminer si Dominique Strauss-Kahn a, à l’occasion de ce départ, favorisé Piroska Nagy au FMI, ou, si, au contraire, il aexercé des pressions la poussant vers la sortie.
Abus de pouvoir. Point. Une question avec une seule réponse possible : oui, ou non.
Pourtant, de nombreux spins volent au secours de l’ami Dominique.
D’abord Anne Sinclair sur son blog arrive à focaliser l’attention des médias :
“Voici juste, avant que ne se propagent des rumeurs malveillantes, quelques éléments rapides : chacun sait que ce sont des choses qui peuvent arriver dans la vie de tous les couples ; pour ma part, cette aventure d’un soir est désormais derrière nous ; nous avons tourné la page. Puis-je ajouter pour conclure que nous nous aimons comme au premier jour.”
A la première question posée par l’affaire : abus de pouvoir, oui ou non, Anne et son équipe de com’ que je ne citerai pas arrive à occulter l’affaire pour imposer une deuxième question, à savoir : est-ce bien ou mal de tromper sa femme ? Et que faire pour être une femme digne face à l’adversité ? L’effet gossip n’a pas encore été totalement mesuré à Sciences Po.
Merveilleux.
Première analyse sur ce point chez Luc Mandret :
“Alors Anne Sinclair nous pond une bonne note : “Deux ou trois choses à vous dire”, où en l’espace de dix lignes elle peut affirmer qu’il y a des choses “qui relève vie privée, sur laquelle je n’ai pas l’intention de m’exprimer” pour ensuite nous assurer que “cette aventure d’un soir est désormais derrière nous” et enfin “conclure que nous nous aimons comme au premier jour”. C’est-ty pas beau. Sont-y pas mignons les deux tourtereaux. On a bien compris, Anne, tu nous fais juste du buzz pour ton blog !”
Au déplacement du curseur du problème, DSK a un autre soutien de masse : les éléphants et éléphanteaux du PS !
Quelques hypocrisies au sein du PS qui n’avait pourtant pas besoin de ça :
“Candidat à la tête du PS, Benoît Hamon a simplement observé qu’il s’agissait “d’une affaire de vie privée, les Etats-Unis ne sont pas la France”. Ségolène Royal a été - en creux - plus incisive: “j’espère qu’il sera blanchi dans cette histoire, parce que sinon, pour la réputation du sérieux et de la compétence de la France, ce serait très embêtant”…
Plus chaleureux, François Hollande, Premier secrétaire sortant, a rendu hommage à l’homme de Washington: “tout le monde reconnaît que c’est un bon directeur de FMI”. De même, l’ex-ministre Jack Lang a salué “une personnalité reconnue” à qui il fait “confiance”.”
A la question : abus de pouvoir oui ou non ? puis au déplacement de curseur sur le fond de la question, on arrive à un deuxième glissement de l’enjeu : n’y aurait-il pas une conspiration contre ce pauvre DSK au sein du FMI, un acharnement contre cet héritier des Lumières (incandescentes) ?
Enfin dernier spin pour écarter tout soupçon : l’expertise de notre héros français aux manettes du FMI sermonnée par Jean-Claude Trichet :
“Je suis persuadé que l’enquête montrera que Dominique Strauss-Kahn n’a pas abusé de son pouvoir”, a déclaré Jean-Claude Trichet lors du “Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI”.
“Je suis aussi convaincu que ceci ne changera rien à la marche du FMI qui est très, très important en ce moment”, a-t-il ajouté.
Formidable : on en oublierait presque la question de départ ; y a-t-il eu ou non abus de pouvoir ?
Encore un fantastique exemple d’informations qui circulent en boucle fermée. On aurait bien besoin de Mandrake le magicien pour défaire les noeuds de la ficelle. Et pour arrêter d’agiter le chiffon rouge.