Ce livre est un bel hommage à André Hardellet.
Françoise Lefèvre y évoque son souvenir, et lui fait l'offrande de sa vocation d'écrivain.
Elle se souvient du jour de sa mort, et du mot qu'elle avait reçu la veille :
"Au bois de Vincennes, je vous expliquerai Françoise, pourquoi vous êtes « la marchande de la boutique des minutes heureuses ». Je vous parlerai aussi de celle que j’appelle Germaine dans mes livres et du parfum de la dame en noir… Vous êtes une source. Vous m’aidez à vivre. Mais il est temps de ne pas rater la dernière levée. Tenderly. André. »
Des années plus tard, elle rend grâce à ces derniers mots qui l'ont portée vers ce qu'elle était, et se met à l'ouvrage.
Elle se doit de devenir pleinement "La marchande de la boutique des minutes heureuses".
Avec ardeur, patience et détermination, elle creuse au fond d'elle même pour retrouver les moments de lumière qu'elle fera surgir de l'ombre.
Elle se fait violence pour y arriver, parce que l'exercice n'est pas si facile de focaliser sa mémoire sur le bonheur plutôt que sur le malheur, sur la jouissance plutôt que sur la douleur.
"Patience pour aller à la capture d'une minute heureuse. Ne penser qu'à la seconde présente. Ne pas se laisser noyer dans les larmes qui montent. Ne pas se laisser couler vers le fonds par ce poids dans la poitrine que fait le cœur gros. Évacuer les rancœurs, les regrets. Ne plus songer aux terribles renoncements. Respirer. Bien respirer. Garder la minute heureuse qu'on a toujours su reconnaître comme un diamant au fond de sa poche de tablier."
Parmi les joyaux qu'elle fait ressurgir, certains ont brillé d'une éblouissante lumière à mes yeux :
"Les tresses d'Hermine", "L'eau du matin", "La tartine de saindoux", "Une jacinthe bleue l'hiver", "Suspendre le linge dehors".
Ces écrits intimes qui se succèdent et luttent contre le chagrin des jours qui passent m'ont touchée.
Je partage l'avis de nombreux billets lus ça et là disant que cet exercice pourrait être une belle leçon de vie.
"Moi qui déteste tenir une aiguille, je m'assoirai comme une couseuse à sa fenêtre, et tout au long de cet hiver, je broderai avec patience une tapisserie, faite seulement de fous rires, de chuchotements et de silence. Patience. Un manteau de patience. Oui patience ! Patience des minutes heureuses... "
Kyoko, sur zazieweb : Ce sont des "miracles quotidiens cachant la haine et la mort qui rôdent partout". Pour ne plus être cerné par cette souffrance indéfinie, il faut glaner ces joies minuscules qui permettent de savourer le fait d'être encore vivant.
Florinette nous en parle.
Calou aussi, tout comme Cathulu et clarabel
Anne nous dit : Si "La volupté de se rendormir après une longue nuit d'insomnie", "Garder au chaud un enfant très peu malade" ou "Suspendre le linge dehors" peut, à vos yeux, représenter des minutes heureuses; vous n'avez plus qu'à vous précipiter chez un libraire. Et prenez (au moins!) 2 exemplaires: vous aurez forcement envie d'un offrir 1 (au moins!).
Malice :La lecture de ce livre est un véritable médicament pour soigner les bleus à l'âme. Sublime !
Dentelle d'encre relève la métaphore de l'écriture et de la broderie.
Pour Chiffonnette Chiffon "C'est une belle leçon de vie" et elle nous invitait cet été à écrire nos minutes ou notre minute heureuse. Elle m'a véritablement décidée à emporter ce livre dans mon bout du monde.
Et maintenant, pour le plaisir, la chanson d'André Hardellet