"Les prévisions que nous avons faites il y a maintenant deux mois très clairement, elles sont fragilisées par la crise financière", a déclaré Christine Lagarde sur Europe 1, alors que le gouvernement doit défendre son budget, inchangé, à l'Assemblée nationale, à partir de ce lundi.
Mais il est possible que le gouvernement soit amené à revoir en baisse sa prévision de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour 2009, fixée à 1% dans le projet de budget, a-t-elle prévenu.
Mi-novembre, lorsque sera publié le chiffre de la croissance au troisième trimestre, "nous réexaminerons et éventuellement nous procéderons à une révision à la baisse", a indiqué la ministre.
Le traditionnel marathon budgétaire à l'Assemblée, prévu pour durer jusqu'au 19 novembre, débute dans un climat de complète incertitude.
La crise financière remet en cause chaque jour les prévisions économiques. Le projet de loi de finances présenté le 25 septembre par Eric Woerth (Budget) et Christine Lagarde (Economie) est construit sur une hypothèse de croissance de 1%. Cette hypothèse qui apparaissait prudente il y a trois semaines semble aujourd'hui inaccessible.
Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse sa prévision pour la France le 8 octobre dernier: il prévoit désormais une croissance stagnant à 0,2% en 2009. Dans ces conditions, l'objectif du gouvernement de stabiliser le déficit à 2,7% du PIB l'an prochain paraît intenable.
L'opposition demande donc à Eric Woerth de revoir sa copie. "La crise devrait imposer au gouvernement de réviser sa politique économique, budgétaire et fiscale", disait la semaine dernière Didier Migaud. Le président socialiste de la commission des Finances prévoit une croissance "proche de zéro" en 2009, et qualifie de "bug informatique" les 2,7% de déficit.
Mais le gouvernement refuse de rebâtir le budget. Tout en reconnaissant une "panne de croissance", le Premier ministre François Fillon a simplement évoqué des "ajustements" en cours d'année.
Le budget 2009 enterre déjà l'engagement du président Nicolas Sarkozy de ramener les comptes publics à l'équilibre à la fin de son quinquennat en 2012.