Le club des 5 (le président de l’US Chamber of commerce, le directeur général de la CBI britannique, le président du BDI allemand, la présidente de la Cofindustria italienne et d’Ernest-Antoine Seillière, inoxydable président de BusinessEurope) s’est réuni vendredi à Paris autour de Laurence Parisot, érigée en nouvelle égérie du patronat mondial.
«Nous soutenons totalement et sans réserve les différents plans élaborés […] pour sécuriser et soutenir les institutions financières», a insisté Laurence Parisot. Le satisfecit est sincère. Pour la responsable du Medef, les Etats sont dans leur rôle quant ils se limitent à jouer les gendarmes ou à renflouer en dernier rempart les banques avec l’argent des contribuables. Au-delà, c’est moins sûr.
Mieux vaut prévenir que guérir. La mise en garde lancée à la face du monde est claire. Attention à ne pas alourdir les charges fiscales qui pèsent sur les entreprises ou d’adopter des mesures qui pourraient provoquer des risques protectionnistes. Pour Laurence Parisot, toute intervention publique est suspecte. “Miss entreprises” exhorte la puissance publique à « ne pas maintenir son intervention dans l’économie plus longtemps que ne l’exigent les circonstances exceptionnelles». Une intervention prolongée de l’Etat pourrait selon elle, ralentir les chances de retrouver un rythme de croissance soutenu. Après avoir éteint l’incendie, les pompiers sont remerciés et invités à retourner à la caserne.
« La création de richesses ne peut venir que des entreprises», a affirmé sans somplexes la nouvelle Jeanne d’Arc du libéralisme à tous crins, qui efface d’un revers de main la notion de services publicsà la française qui a pourtant assis la prospérité de l’après-guerre.
Il n’y a bien que Bertrand Carayon, député UMP du Tarn, pour avoir dénoncé samedi dans un communiqué ce qu’il qualifie d’indécence inexcusable du Medef. «Ils n’ont rien compris». Leurs déclarations «font insulte aux contribuables, aux citoyens et au gouvernement». «Ceux qui ont tout fait, depuis vingt ans, pour faire reculer l’Etat, déréguler, et dénationaliser sont aujourd’hui ceux qui supplient les Etats de nationaliser, de les assister et de réguler». «Il faut que les représentants du patronat soient bien inconscients et bien ingrats pour exiger qu’au lendemain de la crise, les Etats disparaissent totalement de l’économie après avoir épongé les risques inconsidérés et les erreurs de gestion des spéculateurs». «Partout éclatent les conséquences catastrophiques d’un capitalisme sans moralité. L’indécence des propos du Medef n’en paraît que moins excusable».