Les deux roues en général et les vélos en particulier sont-ils dans le collimateur de la police ? En tout cas, les chiffres annoncés vendredi par Albert Doutre, le patron de la police girondine, à l’occasion des journées de la sécurité routière, font froid dans le dos. Le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) relève en effet qu’il y a eu 18 morts sur les routes (en zone de police) depuis le début de l’année et que 83% de ces accidents mortels ont impliqué la responsabilité d’un deux roues. «Sur ces 18 morts, assure-t-il, il y a trois cyclistes, deux conducteurs de moto ou de scooter et 4 piétons renversés par des deux roues.» Pire, dans 70% des accidents mortels où il y a un deux roues, c’est le deux roues qui est en cause. Les policiers ne se sont pourtant pas privés pour verbaliser les deux roues en infraction puisque depuis le début de l’année, ils leur ont adressé pas moins de 5 500 PV. «Nous avons une démarche extrêmement répressive, poursuit Albert Doutre, même si nous faisons aussi des campagnes de sensibilisation, notamment sur l’éclairage et nous allons mettre en place des partenariats avec les associations de cyclistes. Cependant, il y a de trop nombreux cyclistes qui circulent de nuit en vêtements sombres et cela, c’est complètement irresponsable.» Pour toutes ces raisons, le DDSP ne fait pas mystère de sa réticence au tourne-à-droite cycliste, ce dispositif qui va être expérimenté dans les semaines qui viennent sur plusieurs carrefours de Bordeaux et de la Cub et qui offre aux cyclistes la possibilité de tourner à droite lorsque le feu est rouge pour les automobilistes. Tout comme il ne pense pas que le manque d’infrastructures dédiées aux vélos, un point souvent soulevé par les associations de cyclistes, soit la principale cause des accidents. «Il y a certainement des problèmes de structures, mais ils n’expliquent pas tout. Quant au tourne-à-droite cycliste, nous sommes assez réticents et très réservés. Je crains que les cyclistes n’en profitent pour s’autoriser à tourner à droite à tous les carrefours lorsque le feu est rouge.»
Sébastien Marraud