Tous les deux mois, L'Atelier BNP Paribas collabore avec Asia Magazine afin de vous offrir en version papier et dans les kiosks l'essentiel de l'actualité high-tech. A lire dans la rubrique 'News Techno" du numéro 5 (septembre) notre chronique sur la révolution numérique chinoise que nous vous proposons en version intégrale ici.
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La Chine en marche vers la révolution numérique
Depuis le mois de février 2008 la Chine est officiellement devenue le premier pays au monde en nombre d’internautes, détrônant ainsi les Etats-Unis. Désormais, plus de 253 millions de chinois accèdent aux contenus numériques en ligne et intègrent l’email comme moyen ordinaire de communication avec leurs amis ou la famille.
Le symbole est de taille en cette année olympique. Pays inventeur de l’Internet, la super-puissance américaine passe donc le relais à sa rivale chinoise sur le terrain du numérique.
A ce rythme, l’écart avec les Etats-Unis devrait même rapidement se creuser. 73 millions de nouveaux internautes ont été enregistrés en 2007 et les premières statistiques sur 2008 ne montrent aucun signe d’inflexion dans cette progression spectaculaire.
En 2012, le nombre d’internautes chinois devrait même dépasser la population américaine.
Les campagnes se convertissent à l’Internet
Premier moteur de la croissance Internet, les paysans et les habitants des zones rurales chinoises. Leur nombre a plus que doublé en 2007, enregistrant +127% de croissance sur un an contre « seulement » +50% en moyenne sur l’ensemble de la Chine.
Loin de la modernité de villes comme Shanghai ou Pékin, 84% des chinois sont encore à l’écart du Web. Outre le coût d’accès à l’Internet souvent prohibitif, c’est tout simplement l’insuffisance de connaissances qui représente le rempart le plus solide à toute conversion vers l’Internet. Un problème d’éducation certes, mais aussi et surtout un phénomène générationnel.
La génération Y sans complexes
Aucun complexes en revanche pour les jeunes générations de chinois, nourris de télévision et de jeux vidéo. Les moins de 25 ans représentent aujourd’hui le plus important bataillon d’internautes dans l’Empire du Milieu (50%), mais aussi la plus importante population de jeunes internautes au monde. Pour ces digital native, encore appelés « génération Y » (pour youth, « jeunes »), s’exprimer dans les blogs, les forums de discussions et acheter sur Internet est devenu un réflexe.
Mieux éduquée que la moyenne et futur contingent en puissance d’une classe moyenne émergente, la génération Y chinoise est très logiquement devenue l’objet de toutes les convoitises. Tandis que les marques, chinoises et étrangères, se bousculent pour se faire une place dans l’univers et le style de vie des jeunes, les financiers investissent en masse dans les toutes nouvelles start-ups du Web 2.0 dont raffolent les étudiants et les jeunes actifs. Pour les agences de publicité et les cabinets de tendance, comprendre les spécificités de cette « culture jeune » aux accents asiatiques et en prédire les moindres comportements est devenu un fonds de commerce très lucratif dont sont avides les entreprises occidentales.
Aujourd’hui première population internautes au monde, la Chine à cependant bien d’autres défis à relever pour faire de l’Internet un nouveau moteur de sa croissance économique. Mais pour tous les nouveaux connectés, c’est dès aujourd’hui un formidable appel d’air sur un monde plus grand et plus riche d’informations qu’il sera certainement de plus en plus difficile de brider.
P. Nordey
Directeur Asie
L'Atelier BNP Paribas