CD OF THE WEEK
Chaque lundi, l'album le plus attendu de la semaine, ou le meilleur, c'est au choix. A vingt euros le cd, autant savoir ce qui vous
attend...
THE DEARS : Missiles
Le moins que l’on puisse dire, c’est que THE DEARS n’est pas franchement célèbre de par chez nous. A classer dans la rubrique « pour initiés », pour jeunes
branchouillards amateurs de rock indie. Ce qui est assez injuste : ces canadiens sont indubitablement talentueux, et leur musique pop fragile et tourmentée fait des merveilles sur ce
quatrième album intitulé « Missiles ». Natalia Yanchak revendique l’influence des Smiths et poursuit sa quête du succès, en compagnie de son gentil mari, Murray Lightburn ( voix
irréprochable et dense ), après les sérieuses turbulences essuyées par le groupe. 3 membres sont partis depuis 2006, mais la magie qui opère est toujours présente, même encore plus présente grâce
à des arrangements vraiment travaillés et aboutis. Maladie, folie, amour et rupture, les thèmes abordés dans ce nouveau Lp sont des échos évidents de ce qui s’est produit récemment, et qui a par
chance renforcé THE DEARS dans ses convictions et sa direction. La critique dithyrambique qui avait accompagné la tournée d’il y a deux ans avec Morrissey a certes fait tourner certaines
têtes, mais les musiciens rescapés de l’aventure sont revenus sur Terre à temps pour enfanter un petit bijou.
Parcouru par des belles harmonies
chorales, des cordes à pleurer et des riffs de guitare efficaces, « Missiles » percute assez facilement sa cible, à grands coups de mélodies tristes et euphoriques en même temps.
« Lights off » est en ce sens emblématique, une sorte de comptine insomniaque qui prend ses racines du coté de Radiohead et de son ok Computer. La bande son de votre prochaine crise
existentielle ne saurait elle se passer de « Crisis 1 & 2 » où le désespoir devient presque tangible. La rédemption finale dure 11 minutes, et se trouve magnifiquement placée
en fin d’album avec le très beau « Saviour » et ses sublimes petites trouvailles délicates qui escortent le chant jusqu’au terme d’un des plus beaux morceaux de l’année. Ceux qui
préfèrent l’euphorie et la bonne humeur se replieront sur « Disclaimer » qui introduit le disque à la manière d’un Primal Scream époque Xtrmntr. Car c’est aussi ça la force de THE
DEARS, être capable de convoquer l’espace de trois quart d’heures le meilleur de groupes comme, outre les Scream, Spiritualized ou Smog, pour une synthèse pleinement réussie, qui est de très loin
ce qu’on a entendu de plus abouti en ce mois d’octobre. Si vous cherchiez l’album de l’automne, voilà un candidat qui a toutes les cartes en main pour prétende à ce titre.
(8/10)
Album à ne pas rater : Missiles (The Dears)