Je m'appelle Fabien, j'ai 28 ans et si vous lisez ces quelques lignes, j'espère qu'elles vous aideront à vous dire qu'on peut se sortir de "l'enfer" que produisent les acouphènes et l'hyperacousie. Car "Enfer" est bien le mot que l'on peut utiliser lorsque ça vous tombe dessus et seuls ceux qui sont passés par là savent ce que c'est et c'est bien pour çà que leur témoignage et leur soutien sont si précieux, du moins pour moi , ça l'à vraiment été.
Lorsque ça vous arrive , vous vous retrouvez seul face à tous ces phénomènes et symptômes incontrôlables et complètement angoissants. Gérer ces bruits nouveaux est un véritable parcours du combattant, surtout au début.
En ce qui me concerne, lorsque tout a commencé, j'ai bien cru que j'allais finir par passer par la fenêtre...
C'était il y a déjà deux ans, le samedi 13 mai 2006, en sortant du magasin dans lequel je travaillais à l'époque, j'ai subi un traumatisme sonore dû au déclenchement d'une alarme bien trop forte.
A mon retour chez moi le soir, j'étais assez sonné, et le lendemain matin, mes oreilles étàient bouchées et je n'étais pas bien, je suis donc allé directement aux urgences car c'était dimanche... Après un long après-midi à attendre, l'on m'a prescrit du Solupred et des vasodilatateurs. Au bout de 3 jours, un léger sifflement m'est apparu à l'oreille gauche. Les oreilles toujours bouchées, j'entendais ce bruit très aigu, après quelques jours est devenu si strident que dormir m'était devenu impossible. Je n'entendais plus que ce sifflement. C'était si angoissant que je suis allé voir un ORL qui m' à redonné un traitement identique à prolonger un bon mois supplémentaire. l'ORL m'a aussi apprit que mon audition avait légèrement baissée.
Mais l'acouphène était si fort que je ne dormais plus, des nuits blanches sans fin à me demander quand ce bruit allait s'arrêter et s'il ne s'arrêtait pas, comment j'allais pouvoir continuer à vivre avec. Je me revois encore mettre en route le ventilateur, la musique, pour que je sombre dans le sommeil, le sifflement finalement masqué par ces artifices.
Car quand ce genre de chose vous tombe dessus, personne ne vous explique comment procéder, comment s'approprier ce bruit et finalement, vivre avec. C'est la panique.
Après plusieurs jours d'insomnie, le suicide m'apparut comme le seul moyen de mettre fin à ce supplice. Et c'est àux urgences qu'on à fini par me prescrire du Rivotril pour m'assommer là nuit.
Le Rivotril permet de récupérer un rythme et d'atténuer l'angoisse qui augmente les symptomes. Avec cet acouphène s'est installé progressivement une hyperacousie , qui s'est avérée encore plus stressante que l'acouphène lui-mème, car partout ou j'allais les bruits me semblaient décuplés. Tout résonnait dans ma tète, je ne supportait même plus le bruit des couverts dans les assiettes. Dans les grandes surfaces le niveau sonore me donnait l'impression que j'allais tomber, du coup j'ai fini par ne plus sortir et par être mis en arrêt maladie pour accident du travail.
L'aide la plus précieuse que j'ai pu trouver face à tout ça fut les témoignages, l'écoute et les bons conseils de certaines personnes, elles aussi passées par là, et je ne les remercierai jamais assez. "Qu'est ce que j'ai ?" "Comment vais-je faire pour vivre avec ça ?", " J'ai tel et tel symptôme, est-ce normal ? ". Combien de fois Arnaud et d'autres ont dû me voir débarquer sur internet , complètement paniqué pour savoir quoi faire ou tout simplement pour etre rassuré. L'angoisse et le psychisme finissent par prendre une place énorme suite à un tel traumatisme. On finit par avoir tout bonnement peur du bruit. Ces bruits normaux qui d'un coup paraissent dangereux, insurmontables. La vie change brutalement, le moral en prend un coup et j'avoue que les antidépresseurs m'ont également bien aidé à remonter la pente.
Se protéger au début reste nécessaire. Bien sûr pas trop non plus, car l'oreille doit se réhabituer au bruit. Je mettais des bouchons dans les lieux bruyants, les transports et j'ai pu tout doucement reprendre le travail, au bout de 6 longs mois de galère.
Aujourd'hui, et ça à été long, mon hyperacousie à complètement disparu, mais je garde comme une trace de cet accident, mon acouphène à l'oreille gauche. Il a bien sûr beaucoup diminué, et je ne l'entends que le soir, ou quand je suis fatigué. J'arrive à dormir sans Rivotril , ça aussi m'a pris du temps, mais j'y suis arrivé.
J'estime avoir eu beaucoup de chance, quand je vois à quel point des personnes souffrent encore de ces symptômes de nombreuses années après leurs traumatismes. Mais j'aimerai vous dire une seule chose c'est que vous n'êtes pas seuls face à ça, des gens sont là pour témoigner, vous aider à passer ces moments difficiles, à voir le bout du tunnel, car il y à des gens qui s'en sortent, et même pour ceux qui vivent avec ce traumatisme au quotidien, il y a des solutions pour continuer à vivre avec . Il faut simplement du temps, de l'écoute et croire en sa guérison.