Bref, Philostrate s'ennuyait ferme lorsqu'il est tombé sur un livre faisant son miel de la pâte humaine, sans laquelle le sport n'est qu'une activité mercantile comme une autre. Le journaliste Lionel Froissart dans Les boxeurs finissent mal… en général a eu la bonne idée de se pencher sur les destins heurtés de pugilistes, restés fameux ou aujourd'hui oubliés. On y retrouve, dans des récits un rien romancés mais s'inspirant de faits bien réels, Cerdan lors de sa défaite face à La Motta, annonciatrice d'une revanche et d'une fin prématurée dans un crash sur un pic des Açores en octobre 1949.
On y croise Laurent Dauthuille, le "Tarzan de Buzenval", qui aurait dû "venger" le grand Marcel en mettant au tapis le "Taureau du Bronx" en septembre 1950, foudroyé à quelques secondes d'un combat qu'il menait pourtant largement aux points. Dauthuille, qui aurait dû devenir le nouvel enfant chéri des rings français, ne s'en
En ce sens, on ne saurait trop recommander la lecture du livre de Lionel Froissart à nos champions du moment, quelle que soit leur discipline. Dans ces pages, la gloire se révèle dans toute sa fulguance et sa fragilité. L'homme, touché par la grâce dans la lumière du ring, sort de lui-même, change de condition avant, souvent, trop souvent, de retomber dans l'oubli, voire le caniveau d'où il était pourtant sorti au prix d'énormes sacrifices. Mais après tout, qu'est-ce-que la renommée ? Sans sa mort tragique et son histoire d'amour avec la môme Piaf, Cerdan lui-même continuerait-il à fasciner les foules ? Vous en doutez ? Il y a eu cinquante ans jour pour jour le 21 septembre que le "bombardier marocain" est devenu champion du monde en battant Tony Zale. Rien ou presque dans les journaux n'est venu rappeler cet anniversaire fondateur du "mythe Cerdan". L'année prochaine en revanche coïncidera avec le cinquantenaire de sa disparition dans la tragédie aérienne qui s'est nouée dans le ciel des Açores à l'automne 1949. Je vous fiche mon billet que cette date-là on ne l'oubliera pas …
Les boxeurs finissent mal… en général de Lionel Froissart. Editions Héloïse d'Ormesson. 300 pages. 20 euros.