Tout le monde s’accorde à dire que ces instruments ont causé la chute de AIG et de Lehman Brothers, grande spécialiste de ces produits dits “d ‘assurance”.
On estime la valeur nominale totale de ces contrats en circulation en septembre 2008 à plus 60 000 milliards de US dollars. Personne ne sait où ils sont et personne ne sait exactement qui les “détient en portefeuille”, puisque ce ne sont (devient) des actifs (ou des passifs) que si un “évènement” de crédit se produit (défaut de paiement, moratoire, restructuration, faillite voire même délais excessifs dans le règlement de certains encours).
Les CDS “habitent” pourtant aussi à l’UBS même si on ne les distingue pas très bien et pour cause. De la même manière, les dossiers titres individuels des fortunes gérées ne figurent pas au bilan de la banque mais en pied de bilan, et donc hors de portée de certains regards.
Si l’on reprend au mot à mot le communiqué de l’UBS du 16 octobre, le premier paragraphe insiste bien sur les positions à risques au bilan de la banque (UBS élimine les positions à risque de son bilan par une transaction avec la Banque Nationale Suisse).
Les actifs et passifs hors bilan ne sont pas connus du public et des actionnaires en dehors des périodes de bouclement de comptes, à savoir au 31 décembre de chaque année pour UBS. Sur la base du rapport annuel 2007 (pp. 132 et 133), on constate que ces positions sont très peu détaillées (et pour cause) et comprendraient des actifs gagés “off-balance sheet” pour un montant de 121′441 millions de dollars. Similairement les positions passives conditionnelles s’élèveraient à 330′664 millions de dollars.
Le total avoué des instruments dérivés serait lui de 48′112 millions de dollars US net et celui des transactions fiduciaires de 48′260 millions de dollars. Des chiffres colossaux dans lesquels il est tout simplement impossible de se plonger pour les vérifier.
On ne parle pas beaucoup des CDS dans le rapport annuel 2007 sinon en pages 31 et 73 pour en définir la méthode de comptabilisation et donner quelques détails assez mignons car quasi incompréhensibles à souhait pour l’actionnaire de base : “Credit derivatives and similar instruments include credit default swaps, credit-linked notes, total return swaps, put options, and similar instruments. These are generally used to manage credit risk when UBS has a direct credit exposure to the counterparty, which has not otherwise been collateralized“.
Ce petit décryptage pour noter que les experts, la presse spécialisée et la presse généraliste n’ont pas écrit beaucoup de lignes visibles sur ce sujet pourtant assez délicat et important. Que même la BNS ne veut pas regarder, et que nos braves édiles du Conseil fédéral n’ont tout simplement pas pu comprendre.
Au fond, ils n’ont pas bien lu les petites lettres du plan rédigé par l’UBS, pourtant il faut toujours lire les petites lettres … et c’est donc en pleine méconnaissance de cause qu’ils ont omis de noter que l’on ne parlait que de l’assainissement du bilan de la banque … mais pas de ses positions risquées détenues en douceur hors bilan.
C’est ainsi que cette douceur va se transformer en douleur pour nos chers politiques, nos chères finances publiques et nos porte-monnaie dans pas longtemps, juste le temps de laisser déboucler quelques opérations encore courantes.
PS: pour se remonter le moral concernant la probable évolution de la semaine qui vient, lire ceci, de préférence avec un mouchoir.