Le
vrai café populaire. Depuis toujours. Il abritait nos soirées
d'étudiants bien arrosées, puis nous réaccueillait
au petit matin, à quatre heures, quand il s'agissait de
prolonger encore un peu.
Le patron était à
l'époque le gros Héritier de Savièze, qui
vendait aussi du vin à l'emporter. Une production de sa
famille valaisanne. Prix raisonnables. De quoi tenir les quelques
heures entre la fermeture et la réouverture.
L'intérieur n'a presque pas
changé depuis. Entrelacs au plafond de fausses poutres
sombres, lustres en fer, cloche de vache pendue. Grand bar, photos au
mur, longues tablées. Piliers en bois, nappes rouges et
jaunes, petits drapeaux suisses en papier et fanions du F.C. Sion.
Très fréquenté. Ça
parle fort, ça se cause entre les tables. Les piliers de bar
ont le teint brique et la bedaine généreuse. Les dames
sont entre deux âges. On feuillette les journaux de boulevard,
on boit de la bière ou du rosé. On se sent bien, on est
entre nous.
La Sportive, 45 rue de Carouge, Genève