« Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. » Camus a vu juste. Mais en prison, le suicide prend une dimension supplémentaire. Une tentative ratée n'y est comme ailleurs qu'un SOS. Mais des tentatives réussies sont d'abord des mises en cause de la société. C'est Sisyphe qui se laisse écraser par son rocher... rendu insoutenable par les conditions de détention. C'est un choix qui par définition n'est pas celui de la liberté. C'est le dernier moyen de se ...sentir vivant par la quête d'une porte de sortie. C'est un phénomène que l'on observe bien dans les régimes totalitaires où le « pousse au suicide » est une forme horrible de peine de mort.
Depuis le début de l'année, on observe un accroissement considérables des suicides d'adolescents en prison et une hausse estimée à 28% des suicides par rapport à l'an dernier. C'est plus qu'une série noire. C'est surtout un signal d'alerte. Un de plus. Le degré d'une civilisation se mesure à l'attention portée aux marginaux, aux exclus de la « normalité », donc aux laissés pour compte et à ceux qui doivent être « isolés », « mis à l'écart », « condamnés pour crimes et délits »
Cet état de fait vient de valoir une nouvelle condamnation de la France par la Cour de Strasbourg. Le type de condamnation qui n'est pas malheureusement suffisamment médiatisée. Tant il est vrai que l'on se soulage en détournant le regard des réalités « gênantes », des objets et des sujets qui sont en fait des hontes nationales. . Ce n'est pas une révélation :trop de rapports du Conseil de l'Europe ont mis en relief la situation catastrophique des prisons françaises. Et n'ont pas fait l'objet des efforts qui devraient s'imposer. Trahison de l'esprit de la Résistance et des promesses faites à la Libération. Trahison des idéaux des droits de l'Homme. Manque de respect envers l'une des institutions qui siège sur le territoire français.