Sombres manoeuvres au FMI. Le Wall Street journal révèle en Une de son édition du jour que Dominique Strauss-Kahn (DSK), directeur de l’institution internationale, fait actuellement l’objet d’une enquête sur un possible abus de pouvoir, dans le cadre d’une liaison avec une subordonnée.
Selon le quotidien américain, DSK aurait eu une aventure, l’hiver dernier, avec une responsable du département Afrique au FMI. Jusque là “rien de grave”. Sauf que, en août dernier, cette personne démissionne alors que le FMI était en train de réduire ses effectifs. Les interrogations soulevées aujourd’hui portent sur l’attitude de DSK. A-t-il été neutre ou, a-t-il a joué de son statut pour contraindre la jeune femme à partir ou, au contraire a-t-il favorisé son départ avec des émoluments excessifs ?
Eléments troublants, selon le Wall Street journal, l’enquête aurait été réclamée par différents représentants de pays arabes au conseil d’administration du FMI, sous les conseils de représentants de la Russie et des Etats-Unis.
Pour sa part, DSK reconnaît la liaison mais réfute dans un communiqué avoir abusé de sa situation. Même son de cloche du côté de a salariée mise en cause qui affirme avoir reçu une indemnité conforme à son statut.
En juillet 2007, le journaliste de Libération Jean Quatremer avait suscité un certain émoi en révélant sur son blog ce que tous les milieux avisés savait déjà, à savoir le goût prononcé du leader socialiste pour les femmes. De façon très prémonitoire le journaliste alertait ses lecteurs sur les risques de ce genre de comportement au FMI.“Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes.” “Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique”.
Face aux multiples réactions liées à la révélation de ce secret de Polichinelle, Jean Quatremer avait du revenir dans son blog sur l’affaire et préciser ses propos. “Pour bien connaître DSK, je sais qu’il est en séduction permanente, même s’il n’a jamais eu de gestes déplacés. Et que cela choque et a choqué, surtout hors des frontières hexagonales. Tous les journalistes qui ont couvert ses activités publiques –y compris à Marianne- le savent et les anecdotes sont nombreuses. Mais être « pressant » n’est pas un délit pénal, que cela soit clair. En revanche, aux Etats-Unis, c’est tout comme. C’est tout ce que je voulais dire : une fois à la tête du FMI, il faudra que DSK ravale son côté « French Lover » lourdingue. L’entourage de l’ancien ministre ne s’est d’ailleurs pas offusqué de mon post qui n’est pas une « accusation », en dépit de la tentative de la journaliste de Marianne de faire monter la sauce, comme s’il s’agissait d’un complot anti-français visant à avoir la peau de DSK.”
Aujourd’hui Jean Quatremer, en observateur averti revient sur le sujet et donne quelques précisions. La liaison évoquée est intervenue entre DSK et Piroska Nagy, une Hongroise mariée à un économiste argentin réputé, Mario Blejer, lui-même ancien employé du Fonds, de la Banque centrale argentine et de la Banque d’Angleterre. Selon le journaliste, la salariée aurait cédé, par contrainte, aux avances du French lover en janvier 2008, à l’occasion d’une conférence en Europe. Mais, le mari aurait découvert l’affaire et la relation aurait cessé peu de temps après, suivie du départ de Piroska Nagy du FMI.
Là où l’affaire prend une tournure nouvelle, c’est quand Jean Quatremer indique avoir eu connaissance de l’affaire depuis huit mois. L’enquête et la révélation de son existence arrivent à un moment très particulier où la France, par la personne de Nicolas Sarkozy, promeut une réforme du capitalisme mondial et compte bien, pour arriver à ses fins, sur l’appui du Directeur du FMI qui lui doit son poste.