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Le Montespan

Publié le 18 octobre 2008 par Elgade

Le dernier roman de Jean Teulé, prix Maison de la Presse 2008 est un livre qui divise. Adulé par les uns et honteusement montré du doigt par les autres, il ne laisse en tous cas pas indifférent. On connaissait La Montespan, celle qui fit partie de l'Histoire en tant que favorite du Roi Soleil. On en savait moins sur Le Montespan, demeuré néanmoins le plus célébre cocu de France à cette époque...

L'auteur s'intéresse plus à l'histoire dans l'Histoire, s'attachant à décrire ce qu'aurait pu être la vie de ce personnage, connu malgré tout pour ses frasques et son entêtement face à l'homme le plus puissant du monde au XVIIème siècle: Louis XIV.

L'histoire est contée dans un style souvent très familier, avec l'emploi de moultes expressions burlesques censées rappeler l'argo usité en ces temps anciens. Mais surtout nous faire rire par le poids de mots choisis avec grand soin.

On apprécie les nombreuses trouvailles sorties tout droit de l'imagination de J. Teulé ou de ses sources documentaires d'apparence bien fournies. On vit l'instant avec plaisir, plongé dans un environnement inconnu, à la découverte d'une époque et de moeurs oubliés. L'imagination débordante de l'écrivain se fond totalement à l'aspect Historique de façon à ne pas gêner la lecture. Impossible de démêler le vrai du faux et c'est agréable.

Le rythme est soutenu et l'on voit du pays. Du bal bourgeois à la prison en passant - dans le désordre - par les bordels de Paris, le jardin de Versailles et ses quartiers royaux, le libertinage sans borne, le théâtre de Racine ou celui de Molière, les guerres d'infortune et la rue Taranne...
On est ainsi propulsé, un chapitre après l'autre, d'un bond dans le temps voyageant de paysages en paysages et suivant à grande allure la vie du Marquis de Montespan. Difficile de stopper sa lecture tant la progression invite à dévorer ce récit!


Mais force est de constater que notre Montespan ne fait pas l'unanimité, victime de la loi du tout ou rien. Je ne peux d'ailleurs résister à l'envie de vous livrer une critique d'un internaute détracteur et plutôt détraqué:

"Au départ, une bonne idée : écrire sur le plus célèbre et le plus touchant cocu de l'Histoire de France, le mari de Mme de Montespan. Pourquoi pas, également, faire dans le genre biographie romancée, sur le ton de l'humour. Mais à l'arrivée, quelle déception ! Faire de la vulgarisation, pour Jean Teulé, ça veut dire faire dans le vulgaire, en n'écrivant rien d'autre qu'une grosse farce, en style familier, ce qui sonne franchement faux quand évoque l'aristocratie du XVIIème siècle. On se croit plus souvent dans une cour de récré qu'à la cour du roi. Tout est lourdingue, même dans la façon qu'à Jean Teulé de montrer qu'il s'est constitué des fiches documentaires (sur ce qu'il n'a pas inventé) avant d'écrire son livre. Les scènes d'amour sont dignes de blagues de potaches, et l'insistance de l'auteur à faire régulièrement dans le scato - profitant de ce que l'on avait pas à l'époque la même conception de l'hygiène qu'aujourd'hui - est assez consternante. Bref, du popu pour parler de cocu. Et dans toute farce, il y a un dindon. Ici, c'est le lecteur. "


Voilà qui est dit! Vous serez prévenu... Mais sachez-le, ici, on a aimé se farcir Le Montespan! Car s'il y a un dindon dans l'Histoire, c'est bien lui (mais l'histoire apprendra que sa femme porte mieux la farce.... Il faut bien une morale dans tout ça!).


E.

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