Note : 8.1/10
Parution : 2007
Nombre de pages : 307 pages
Commentaire
Ce n'est pas un roman. Chagrin d'école c'est l'intelligent mélange de l'essai et de l'autobiographie. Daniel Pennac nous y parle du destin des cancres, ces mauvais élèves qui liront "manque de bases" sur leur bulletin pendant toute leur enfance. Autobiographique car il en fut un, croyez-le ou non!Outre la cancrerie, Pennac aborde plusieurs problèmes de société liés aux jeunes et à l'éducation, comme celui des enfants-marques, ces jeunes qui se définissent par les marques qu'ils portent. En entremêlant ses propos d'exemples personnels - autant du temps du cancre que du professeur - il réussit à traiter le sujet d'une manière tout à fait captivante et enrichissante, et ce avec un style digne du roman.
Comme première lecture d'une oeuvre de Daniel Pennac, cela donne le goût de ses écrits. Toute l'originalité de son texte provient de sa double-vision, en tant qu'ancien cancre et professeur de métier. Même si le contexte de Chagrin d'école est le milieu scolaire français, l'universabilité des propos tenus par l'auteur permet à tous de s'y retrouver. Si vous voulez un peu de changement dans vos lectures, ce livre est pour vous!
Ce que l'éditeur en dit...
Ce que Lucie en dit...
Citations et extraits
"Très tôt mon avenir lui parut si compromis qu'elle ne fut jamais tout à fait assurée de mon présent. N'étant pas destiné à devenir, je ne lui paraissais pas armé pour durer."
"Ah! Terribles sentinelles, les majuscules! Il me semblait qu'elles se dressaient entre les noms propres et moi pour m'en interdire la fréquentation. Tout mot frappé d'une majuscule était voué à l'oubli instantané : villes, fleuves, batailles, héros, traités, poètes, galaxies, théorèmes, interdits de mémoire pour cause de majuscule tétanisante."
"Nos « mauvais élèves » (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l'école. C'est un oignon qui entre dans la classe: quelques couches de chagrin, de peur, d'inquiétude, de rancoeur, de colère, d'envies inassouvies, de renoncements furieux, accumulés sur fond de passé honteux, de présent menaçant, de futur condamné."
"La moindre des politesses, pour un cancre, c'est d'être discret : mort-né serait l'idéal."
"Bref on devient. Mais on ne change pas tellement."
"Ça fait du bruit, une pensée, et le goût de lire est un héritage du besoin de dire."
Ironiquement : "Quand donc vous mettrez-vous dans le crâne que l'univers n'est pas à comprendre mais à consommer?"