Une fois n’est pas coutume, ma dernière provision de galettes est plutôt décevante. Je n’attendais pas des merveilles de ces disques mais quelques écoutes suffiront avant qu’ils ne rejoignent les étagères où ils pourront dormir longtemps avant que je ne leur prête à nouveau mon oreille. Comme on le constatera, l’ordre alphabétique coïncide avec l’ordre chronologique ce qui m’évite d’avoir à faire un classement personnel.
Un double CD avec deux concerts, le premier enregistré en 1969 au Kaleidoscope à L.A. était précédemment distribué comme Live at Topanga Corral pour de sombres histoires contractuelles. C’est la formation originale du groupe avec Bob Hite au chant et harmonica, Alan Wilson au chant, harmonica et slide guitare, Henri Vestine à la guitare et Frank Cook à la batterie. Six classiques du blues, joués façon boogie de Dust my broom à It’s hurts me too. Le second enregistré en Australie en 1982 était destiné au marché australien et néo-zélandais mais là encore il y eut une embrouille et le disque fût distribué sans autorisation. Seul le batteur Fito de la Parra peut être considéré comme un membre du groupe historique remplaçant Frank Cook qui quitta très vite le groupe. C’est Walter Trout ici qui tient la guitare et le chant, pour quelques classiques du Canned Heat comme Going Up The Country, Let’s Work Together ou On The Road Again. Un disque trop disparate pour approcher ce groupe ou porter tout jugement critique. Par contre une bonne occasion de ressortir de sa discothèque et remettre sur la platine le fameux disque Boogie With Canned Heat, un monument de boogie ou basse et harmonica, gras comme le chanteur, réjouiront les amateurs de blues.
Eric Clapton & Friends: The A.R.M.S. Concert
Un concert de 1983 enregistré au Royal Albert Hall de Londres, avec une affiche copieuse pour ne pas dire flamboyante, Eric Clapton, Jimmy Page, Jeff Beck et Steve Winwood ! Mais souvent le trop est l’ennemi du bien et c’est le cas ici. Chacun y va de ses titres phare, Clapton joue Layla, Jimmy Page fait Stairway To Heaven, Jeff Beck reprend Hi Ho Silver Lining, parfois les guitares s’enchevêtrent dans des solos brillants, mais tout cela manque d’âme et nous laisse finalement sur notre faim, comme c’est toujours le cas dans ces concerts charitables (ici contre la sclérose en plaques) mais rarement intéressants musicalement parlant. Seul Steve Winwood tire son épingle du jeu grâce à sa voix magique et quatre titres impeccables Road Runner, Slowdown Sundown, Take me to the river et bien entendu Gimme some lovin’. Les quelques notes de pochette sont trop succinctes et complètement à côté de la plaque (d’où la sclérose !) puisqu’on nous ressasse la carrière des musiciens mais sans aucun détail sur le concert lui-même, ni la courte tournée associée à l’événement, un comble !
Gary Moore a la patate et un gros son, d’autres pensent que c’est une patate et un gros con. Parfois j’hésite, par exemple j’avais assez aimé ses derniers disques (Blues For Greenie en 1995 hommage à Peter Green et Old New Ballads Blues en 2006) ils étaient gorgés de ce blues musclé que je prise ponctués de ces titres lents où la guitare miaule comme une chatte en chaleur, ou pleure comme un boulanger ayant perdu sa Pomponette. C’est parfois un peu trop facile et du domaine du cliché ce qui lui vaut des critiques, c’est aussi ce que je lui reprocherais à l’écoute de ce nouvel album. Des morceaux un peu faibles, certains titres qui tapent un peu trop fort à mon goût et des évidences guitaristiques entendues mille fois sur ses albums précédents. Sinon c’est toujours pêchu et on ne risque pas de s’endormir tant que le CD tourne sur la platine. Pour cette fois je passe mon tour.