Ce samedi, Thomas Hugues proposait un sujet sur la réforme de l'audiovisuel public, à l'occasion de la présentation devant l'Assemblée Nationale, la semaine prochaine, du projet de loi supprimant la pub sur France Télévisions. Curieuse de savoir quels nouveaux arguments allaient avancer les partisans de cette réforme, je n'ai pas été déçue. Ou plutôt si. Parce que je cherche depuis janvier une bonne raison de croire que, si, cette suppression de la publicité est utile et n'est pas qu'un simple ajustement favorable aux chaînes privées.
Ce n'est pas messieurs Copé ou Cavada qui ont réussi à me donner des arguments. Je pense de plus en plus que cette réforme, non seulement est strictement inutile mais qu'elle va en plus déséquilibrer le paysage audiovisuel français.
Pourquoi cette réforme n'est-elle pas indispensable ? Parce que, contrairement à ce qu'affirme Mme Albanel, avec de la publicité, France Télévisions a réussi à proposer du théatre (France 4 et même France 2), des émissions éducatives (Les Maternelles) et laisse ses programmes s'installer (voir Plus belle la vie à ses débuts). Du moins beaucoup plus que sur les chaînes privées. L'argument de la qualité est un mauvais exemple.
1) parce que les chaînes du service public, prises dans leur ensemble, offrent une qualité et une diversité de programmes qu'on ne trouve nullement sur les chaînes privées et encore moins sur les nouveaux arrivants de la TNT, qui nous servent des séries réchauffées ou des émissions tape-à-l'oeil du style "Next" ou "12 coeurs".
2) parce qu'en supprimant la publicité sur le service public, on ne satisfait que les chaînes privées qui vont bénéficier d'une redistribution de l'assiette publicitaire et on enlève des crédits à France Télévisions pour produire des émissions de prestige ou diffuser de grands évènements sportifs.
Cette réforme n'est pas justifiable car elle n'est pas nécessaire. La publicité est source de recettes et donc de capacités de production pour le service public. Elle est également source d'emplois. De plus, elle arrive à un moment où les crédits débloqués pour équilibrer les comptes d'une télévision privée de publicité pourraient être réaffectés à des projets plus utiles, de vrais projets de service public.
Enfin, l'argument de la libération de la contrainte de l'audience est nul et non avenu. Car même sans publicité, les spécialistes continueront de comparer les résultats des émissions de prime time du service public.
La suppression de la publicité sur le service public est une marotte mais en aucun cas une réforme sructurelle, elle ne va servir qu'à revenir au bon vieux temps de l'ORTF, avec des primes à 20h30 dont la "qualité" sera débattue car dépendante des deniers publics, et ce malgré les "garanties" sur la non-intervention de l'Etat sur les programmes. Car contrairement à ce qu'on pourrait penser, la publicité sur le service public était gage de son indépendance éditoriale.