"Vicky Cristina Barcelona" : un Woody Allen pétillant en mode mineur

Publié le 18 octobre 2008 par Buzzline
Woody Allen pétillant en mode mineur" alt=""Vicky Cristina Barcelona" : un Woody Allen pétillant en mode mineur" /> Pitch (Alllociné) : Vicky et Cristina sont d'excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l'amour : la première est une femme de raison, fiancée à un jeune homme respectable ; la seconde, une créature d'instincts, dénuée d'inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences sexuelles et passionnelles.

Lorsque Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky, offrent de les accueillir pour l'été à Barcelone, les deux amies acceptent avec joie : Vicky pour y consacrer les derniers mois de son célibat à la poursuite d'un master ; Cristina pour goûter un changement de décor et surmonter le traumatisme de sa dernière rupture.
Un soir, dans une galerie d'art, Cristina "flashe" pour le peintre Juan Antonio, bel homme à la sensualité provocante. Son intérêt redouble lorsque Judy lui murmure que Juan Antonio entretient une relation si orageuse avec son ex-femme, Maria Elena, qu'ils ont failli s'entre-tuer..

Notre avis : Passage ibérique pour Woody Allen dans cette comédie aussi légère que pétillante et juste... mais un brin mineure. Les acteurs et les dialogues y sont par contre tous excellents... Après sa trilogie londonienne (le brillant Match Point et les moyens Scoop ou Le rêve de Cassandre), Woody change de lieu d'expression et s'installe en Espagne pour une douce comédie érotique.

En prenant pour héros un couple sur le point de rupture et deux jeunes femmes que tout oppose, Allen dresse un habile portrait d'une génération de trentenaire à la recherche de l'amour et y distille habilement quelques avis bien précis comme le ménage à trois source de bonheur salvateur et de plaisir sans fin.

Tour à tour romantique, sexuel, drôle, furieusement décalé, Vicky Cristina Barcelona fait office de voyage initiatique des sentiments plongés dans une comédie dramatique déstructurée dont la narration n'est pas sans rappeler celle de Y tu mama tambien ! d'Alfonso Cuaron. Chacun des personnagesapprendra sur lui, sur les autres pour retourner finalement à sa vie d'avant, une fois cette exploration des coeurs et du sexe terminée.

Exposé savamment ménagé et plutôt savoureusement écrit sur les différentes variations de l'amour, l'oeuvre de Woody Allen fait preuve d'ingéniosité. Bercé par les décors idylliques de Barcelone et cette ambiance à la fois fraîche et lourde, Vicky Cristina Barcelona donne la part belle à des interprètes venus jouer d'excellentes partitions. Dans la peau de l'artiste bellâtre chareur et charismatique, Javier Bardem est excellent tout comme la fantasmatique Scarlett Johansson, pourtant ici en mode mineur.

Mais le vrai coeur du film repose essentiellement sur les deux fantastiques actrices brunes de cet opus ibérique : Penelope Cruz et Rebecca Hall. Dans la peau de la femme blessée hystérique, Cruz fait des merveilles et brûle littéralement la pellicule. En formant la troisième pièce du trio du plaisir dans le Palais du personnage de Juan Antonio, l'actrice fait des merveilles et s'impose à chacune de ses apparitions. Pourtant même si Cruz demeure exceptionnelle, c'es incontestablement Rebecca Hall qui fait la différence. Beauté au charme ravageur et craquant, la douce brune se pose ici comme le personnage le plus attachant mais aussi le plus intéressant de métrage.

Clairement la plus posée mais aussi la plus torturée entre ses sentiments, la sublime Vicky se positionne comme la pierre angulaire de l'intrigue, représentative de la plupart des femmes. Tiraillée entre sa morale et ses sentiments, elle aligne une palette d'émotions diverse et variée... et toujours juste.

Pourtant, au final, meme si le voyage a été agréable, on ressort de tout ceci avec ce vague sentiment d'opus mineur dans la carrière de Woody. Alourdi par quelques petits clichés et limité dans un univers amoureux gigantesque, on a juste l'impression que Woody assure le minimum.

C'est en partie vraie mais en même temps, telle est la force du film : une valse d'émotions et de points de vue, brillamment écrits et expliquant le maximum en un minimum d'efforts. On appelle ça le talent et Woody, il en a à revendre.

Très bon crû.

    

Pourquoi y aller ? 

Pour le quatuor d'acteurs entre charme, sexualité et drôlerie. Pour la découverte Rebecca Hall. Pour les décors de Barcelone et la musique enivrante de cet opus. Pour les dialogues toujours pertinents de l'ami Woody.

Ce qui peut freiner ?

Les quelques clichés parasites du film.