Présentation de l’éditeur :
Bukowski n’a rien oublié : ni la violence, ni la douleur des premières années de sa vie. Il parle vrai et dur. Les coups reçus et donnés, les désespoirs d’un jeune homme laid qui n’a jamais la bonne "attitude", les mesquineries des petits débrouillards, la bouteille, la guerre qui se prépare et n’engloutira pas indistinctement tout le monde, tout cela est dit sans détour. Le constat est effrayant, mais drôle : on sait rire aussi, que diable ! La machine à durer en verra bien d’autres, c’est évident. Les outrances, ici, ne sont, après tout, que celles de la vie elle-même. Et puis l’émerveillement n’est jamais loin, même derrière le souvenir de jeunesse le plus cruel. Chez Bukowski, le coeur est tendre, mais bien accroché.
Bukowski raconte ici son enfance dans un style direct sans apitoiement ni pathos. La langue est crue mais souvent drôle. Il n’a pas oublié les « vacheries » de son enfance, ni le père misérable qu’il a eu ; le livre est d’ailleurs dédié ironiquement « à tous les pères ». Son enfance de « paria » et sa non conformité à entrer dans le moule de la société nous éclairent sur ce que deviendra Bukowski une fois adulte.
« On expérimentait sur les pauvres et si ça marchait, on étendait le traitement aux riches. Quand ça ne marchait pas, on se disait que des pauvres, il y en aurait toujours assez pour continuer à expérimenter autre chose. » p.162
«[…] La religion, je m’étais prononcé contre deux ou trois ans auparavant. Si c’était vrai, ça rendait les gens idiots. Ou alors, c’était les idiots que ça attirait. Et si ce n’était pas vrai, les idiots en devenaient du même coup d’autant plus idiots. » p.167
«[…] lorsqu’on hait, on ne mendie pas […] » p.184
«[…] qui c’était, ce colonel Sussex ? Rien qu’un pauvre mec qui était bien obligé de chier comme nous autres. Faire acte de conformité, trouver un moule où se glisser, c’était le lot de tous. Médecin, avocat, soldat, cela ne changeait rien à l’affaire. Une fois pris dans le moule, il fallait pousser en avant et là, le colonel Sussex était aussi impuissant que le voisin. Ou bien on arrivait à faire quelque chose ou bien on crevait de faim dans les rues. » p.213
« Se soûler était agréable. Je décidai que j’aimerais toujours me soûler. Ca faisait disparaître ce qui était évident et peut-être qu’en réussissant à se tenir assez longtemps loin des évidences on évitait d’en devenir une soi-même. » p.229
« La structure familiale. La victoire sur l’adversité par la famille. Il y croyait. On prenait la famille, on mélangeait avec Dieu et la Patrie, on y ajoutait la journée de dix heures et ça y était : on n’avait plus besoin de rien. » p.234
«[…] Le principal était en train de faire son discours et raclait le fond du vieux tonneau à merde avec un bel enthousiasme : « L’Amérique, c’est le pays où l’on peut tenter sa chance et, homme ou femme, il suffit de vouloir pour y réussir… » » p.238
«[…] Il était tout aussi vrai que certaines sociétés passaient tous les jours des annonces dans les journaux alors qu’elles n’avaient rien à offrir. Ca donnait quelque chose à faire aux types qui bossaient dans les services du personnel. Cela faisait aussi perdre beaucoup de temps à pas mal de monde et bousillait les espoirs de nombre de gens qui n’en avaient déjà guère. » p.269
«[…] donnez une machine à écrire à quelqu’un et vous en ferez un écrivain. » p.302
«[…] La merde, on y était tous ensemble, là, au beau milieu de l’énorme cuvette des chiottes de la vie, une fois la chasse tirée, on en serait tous évacués. » p.339
Editions LGF / Livre de Poche - 410 pages
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