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A 18 jours du scrutin, il paraît bien loin le temps du lancement de sa candidature. Et pourtant ...
D'ABC News consacrant plusieurs minutes à la "super star du Parti Démocrate" à la couverture de Newsweek titrant sur sa photo en couverture "le prochain Président ?" : l'"Obama-mania" a pris naissance début 2007.
Le véritable acte de naissance de Barack Obama datait pourtant de juillet 2004.
Lors de la Convention Démocrate chargée de donner l'investiture à John Kerry, le discours de Barack Obama fut le temps fort qui a marqué tous les congressistes. Il fait l'apologie d'une Amérique généreuse, unie, rassemblée. Quelques semaines plus tard, Barack Obama est élu au Sénat succédant à un Sénateur Républicain.
Le 05 janvier 2005, il prête serment et devient le seul Sénateur afro-américain à siéger au Sénat. Depuis cette date, il est au centre d'un vrai "conte de fées".
Cette popularité soudaine fut le fruit de trois facteurs.
Tout d'abord, la tonalité originale du contenu même de ses discours qui expriment chacune de ses recommandations à partir de sa propre vie.
Il ancre ses références dans l'expérience de son existence. C'est vrai que sa vie a été atypique.
Son père a grandi au Kenya et vivait comme berger d'un troupeau de chèvres. Il a gagné une bourse pour étudier à Hawaï. Là, il a rencontré une jeune femme originaire du Kansas et l'a épousée. Barack Obama naît de cette union le 04 août 1961. Sa mère est d'ascendance cherokee et le prénom Barack signifie "béni" en Swahili. Cette union prend fin lorsque son père retourne au Kenya pour y travailler comme économiste. Sa mère se remarie et la famille emménage à Djakarta. En 1971, Barack Obama revient à Hawaï vivre chez ses grands-parents pour s'assurer une meilleure scolarité que celle susceptible de lui être donnée en Indonésie. Il étudie le droit l'Université de Columbia à New York. Il s'installe à Chicago puis repart étudier le droit à Harvard. A son retour il devient Professeur en droit constitutionnel à Chicago et entre dans un cabinet juridique.
Ensuite, seconde particularité, il défend tout ce qui peut rassembler l'Amérique. Son discours sur la guerre d'Irak en est symbolique. A Boston en 2004, il pointe d'abord toutes les obligations qui doivent entourer ceux qui envoient des troupes en Irak. Il déclare notamment : "quand nous envoyons nos jeunes femmes et hommes, nous avons une obligation solennelle de ne pas cacher les mauvaises nouvelles, de ne pas voiler la vérité au sujet du pourquoi ils y vont mais surtout à leur retour nous devons les assurer de notre solidarité matérielle". Et d'ajouter "qu'il faut immédiatement envoyer assez de troupes pour gagner la guerre, faire la paix, gagner le respect du monde et revenir en Amérique".
Enfin, Barack Obama incarne l'honnêteté dans la présentation de son propre cursus personnel. Il dévoile ses erreurs, des travers et il est loin de dresser un tableau idyllique de son passé.
Ces trois traits sont le socle de sa percée. Ils sont empreints d'une très grande originalité dans l'Amérique de GW Bush.
En effet, la culture politique dominante est alors faite d'uniformité dans le cursus des responsables politiques, d'oppositions incessantes entre les Républicains et les Démocrates et surtout d'une présentation des cursus individuels minutieusement nettoyés de toute aspérité.
Avec le recul, il est facile de convenir d'une grille de lecture qui explique tout et met rapidement en ordre une victoire supposée aisée.
La réalité fut toute autre tant les étapes ont été nombreuses et délicates avant même de parvenir à la désignation comme candidat démocrate. Le processus des primaires est long, difficile, particulièrement sélectif.
Barack Obama a franchi ce processus dans des conditions impensables à l'origine. Il est d'ailleurs significatif de revoir des vidéos de début 2007 quand des journalistes évoquaient "le tour de piste" avant la prochaine "véritable" candidature...