Expansion de la zone d'influence de la bouchée à la reine
En ce lendemain de journée internationale de l'alimentation, je voudrais attirer l'attention sur une pratique scandaleuse, qui n'est malheureusement pas propre au Luxembourg mais qui y est néanmoins pratiquée dans des proportions qui dépassent l'entendement : dans toute une zone sinistrée dont l'épicentre semble se trouver en Lorraine, on gâche de grandes quantités d'aliments appétissants et sains pour leur donner une apparence impropre à la consommation. Du poulet, du veau, des fruits de mer, des champignons, des œufs, de la crème, de la farine sont mélangés ensemble et, pour que ça tienne un peu mieux au corps, sont servis dans une pâte feuilletée qui tente désespérément de cacher le carnage avant qu'elle ne s'effondre, imbibée de la sauce façon colle à tapisser qui baigne le tout. Et, tant qu'on y est, on l'accompagne avec des frites (de ce côté de la frontière) ou des spätzle (de l'autre).
Je vous ai déjà parlé des saucisses, des gromperekichelcher, du bamkuch, de la bière, de la glace au roquefort, mais j'ai jusque là omis le véritable blockbuster de l'alimentation grand-ducale, la star incontestée des plats du jour, la préparation dont l'apparence et l'odeur vous donnent envie de faire ce à quoi ça ressemble : la bouchée à la reine. Appelée également, par ironie sans doute, "vol au vent". A part comme moyen de recyclage des invendus de la veille dans les cantines scolaires quand on a assez mangé de hachis parmentier, je ne vois pas trop l'intérêt de la chose, gluante, molle et tiède comme la poignée de main d'un comptable lymphatique aux mains moites.
Rien que pour cette invention, soit disant due à la femme de Louis XV, l'UNESCO devrait refuser à la France de classer sa gastronomie patrimoine mondial de l'humanité.