Magazine Politique
A 19 jours du vote, nous retraçons les 19 étapes majeures d'une campagne historique qui va voir selon toute probabilité l'élection du 1er Président noir des Etats-Unis d'Amérique.
Tout débute par un livre : "l'audace de l'espoir".
Dans l'Amérique qui doute, un jeune Sénateur métis explique son parcours atypique et expose les raisons de sa confiance dans son pays. Ce livre remporte un grand succès et ouvre la voie à une étape politique à part entière. A l'issue du long processus sélectif implacable qui caractérise une présidentielle Américaine, ce livre s'avère être d'abord l'espoir de l'audace.
L'audace d'une candidature atypique en rupture avec bon nombre des critères habituels d'une campagne présidentielle bien au-delà du goût habituel pour le neuf.
En effet, chaque élection présidentielle Américaine reflète le culte du neuf. A cette occasion, l'électorat exprime son souhait de repartir sur des bases nouvelles et parvenir ainsi à "recommencer le monde".
Chaque élection présidentielle est marquée par cette logique de rupture.
En 1976, Jimmy Carter promettait la fin d'une présidence machiavélique.
En 1980, Reagan marquait le retour d'un pays qui entendait être internationalement respecté.
En 1992, la victoire de Clinton était celle de la proximité et du retour aux priorités intérieures.
En 2000, le succès de Bush était le triomphe d'une Amérique morale.
2008 n'échappera pas à cette culture.
Une culture qui doit compter avec deux autres facteurs.
D'une part, l'extraordinaire complexité d'un processus de sélection qui broie les candidats fragiles. Un ancien candidat à l'élection présidentielle américaine a dressé le portrait du "bon candidat" dans ces termes : "pour devenir Président des USA, il faut le vouloir plus que tout au monde. Il faut avoir la foi d‘un martyr, la détermination d ‘un coureur de marathon, la résistance d'un boxeur, la précision d'un chirurgien et la force de caractère d'un commando de guérilla".
D'autre part, des contraintes propres à chaque parti qui doit trouver des points d'équilibres dans des circonstances différentes.
Pour les démocrates, il s'agit de ne pas s'aliéner la "gauche" tout en présentant un programme qui soit à droite ou pour le moins au centre. Le Parti Démocrate est traversé par des courants culturels multiples, très catégoriels, souvent en rupture avec les vraies vagues de fond qui portent le courant majoritaire de l'opinion publique américaine. Il lui faut garder tous ses courants sans que leurs divergences ne conduisent à l'implosion et les rapprocher des vagues de fond de l'opinion publique. C'est une tâche difficile. Bill Clinton a été le dernier à réussir cet exploit en … 1996.
Du côté du Parti Républicain, l'enjeu est double. Le premier impératif consiste d'abord et le plus rapidement possible à "limiter la casse" de la perte de confiance dans l'actuel ticket présidentiel qui a connu un second mandat très délicat. Le second impératif vise à incarner une droite morale et libérale sans apparaître trop dure et implacable pour celles et ceux que la vie peut éprouver.
Dans ce contexte classique, la présidentielle 2008 a apporté son lot de nouveautés. Elles sont nombreuses à chaque étape du processus. La principale réside dans le profil du candidat démocrate, premier candidat métis en situation de gagner.
Ces dernières années, l'Amérique avait parfois donné le sentiment d'avoir perdu son comportement novateur. Avec la candidature de Barack Obama, elle montre qu'elle l'avait peut-être simplement égaré le temps de deux mandats marqués par des conditions exceptionnelles. Mais, avec l'élection de 2008, elle retrouve sa jeunesse, son internationalisme, la force de nouveaux rêves, de nouvelles visions, d'un nouveau monde.
C'est là l'un des multiples enjeux de la candidature de Barack Obama. Plus que jamais, le scrutin de novembre 2008 sera d'abord un rendez-vous des Américains avec eux-mêmes.
Si chaque élection présidentielle est "un nouveau départ", celle de 2008 peut être une véritable rupture tant le profil de Barack Obama est en décalage avec les repères habituels. Sa religion, sa couleur de peau, sa jeunesse, son inexpérience auraient été hier des handicaps insurmontables. Ce sont aujourd'hui des atouts.
Certains veulent y voir les effets ponctuels d'une opinion séduite par un candidat très charismatique.
En réalité, loin d'être le fruit d'une séduction ponctuelle, cette percée traduit d'abord une remarquable constance de l'opinion publique Américaine.
En effet, la percée de Barack Obama a ses racines dans les enseignements des élections dites du mid term de novembre 2006 qui ont marqué un véritable tournant.
C'est ce voyage dans cette campagne des 20 derniers mois qui permet de saisir les véritables enjeux de la présidentielle 2008.