Face à la crise financière, notre Président s’efforce de rassurer les établissements bancaires et les Français. Examinons d’un peu plus près ses propos :
« Je réaffirme que l’État français ne laissera aucun établissement bancaire faire faillite ». Cette garantie s’applique-t-elle aux banques quelle que soit leur nationalité ?
« L’État va apporter sa garantie aux emprunts dont les banques ont besoin pour se refinancer. L’en-cours total des prêts garantis est plafonné à 320 milliards d’euros. Ce chiffre est un maximum, sans doute ne sera-t-il jamais atteint ». Il me semble que M. Sarkozy ignore ce qu’est un maximum. La fonction d’un maximum est d’agir comme un couperet. Prenons un exemple. J’envisage de m’offrir un voyage organisé et je me dis : je vais aller voir un voyagiste et je me fixe un budget maximum de 100.000 euros. Vous conviendrez bien qu’ainsi, je ne me limite en rien. Si je veux fixer un maximum efficace, il me faut prendre en considération d’une part les tarifs des voyagistes et d’autre part mes ressources financières.
Notre Président est bien conscient des besoins de nos sages banquiers. Il dit que ce maximum ne sera jamais atteint mais corrige immédiatement une telle affirmation en y ajoutant un sans doute qui détruit irrémédiablement le jamais. Et comment honorera-t-il sa promesse ne n’accepter aucune faillite s’il faut avancer physiquement des sommes qui viendront alourdir une dette publique de 1.250 milliards d’euros ?
« Je veux préciser qu’il ne présente en aucun cas un coût pour le contribuable puisqu’il s’agit d’une garantie qui ne jouera donc qu’en cas de défaillance d’un établissement. » Voilà une phrase qui atteint les sommets de l’incohérence : il n’y a en aucun cas un coût sauf en cas de ... Comme le jamais précédemment détruit, cet aucun est annihilé par le sauf.
« Le pari raisonnable que nous faisons est qu’en apportant cette garantie nous n’aurons pas à la faire jouer ». Comme il le dit si bien, il ne s’agit ici que d’un pari, pas d’une certitude. A-t-il envisagé comment faire face à la perte de ce pari ?
« En l’absence de défaillance, le contribuable sera gagnant du montant des commissions encaissées sur les garanties souscrites puisque l’État fera payer cette garantie ». Non, le contribuable ne gagnera rien. C’est l’État qui aura encaissé de ressources supplémentaires et le contribuable ne gagnera quelque chose que si l’État les utilise pour diminuer les prélèvements fiscaux. D’autre part, si les banques sont prêtes à dépenser de telles commissions, c’est parce qu’elles ont conscience du risque qu’elles courent et qu’elles font elles le pari qu’elles auront à faire jouer cette garantie.
Quels raisonnements admirables, quel génie que notre roi, empereur d’Europe, bientôt maître du monde.