Je continue ma petite série des start-up du web 2.0 dont le modèle économique me paraît fragile. J’avais déjà annoncé la disparition de Not2be et prédit un avenir sombre aux solutions de monétisation proposées par Netcipia.
Aujourd’hui, il s’agit de banque 2.0 avec l’application du principe du P2P (échange entre pairs) au crédit. Voilà bien longtemps qu’on nous en parle ; le P2P lending consiste à se débarrasser des banques pour se prêter de l’argent directement, de particulier à particulier, comme on échange sur le web les fichiers mp3.
L’idée est séduisante : elle débouche sur un “pure player” du système bancaire, une plateforme qui -à la manière d’un E-bay- se contente de mettre en relation offre et demande de crédit, en prélevant au passage une commission d’intermédiation. De tels systèmes fonctionnent déjà aux Etats-Unis et ailleurs (ici une trentaine d’acteurs de ce marché émergent).
En France, Friendsclear vient de se lancer sur le marché, avec un beau site au look 2.0 qui est en ligne ici. Le service, plutôt avare d’informations, se présente de la manière suivante :
FriendsClear accompagne la réalisation de votre accord de prêt et assure son suivi en toute tranquilité (contrat, calcul d’échéancier, rappel des échéances, suivi des versements, remboursements).
Le problème, c’est qu’on est encore (très) loin d’un E-bay bancaire.
Que fait Friendsclear ? Il permet à des gens qui se connaissent déjà d’éditer en ligne un contrat de prêt entre particuliers, prêt dont ils peuvent simuler le déroulement, et de gérer un système de relance automatique. Un pack “contentieux” dont je n’ai pas trouvé le contenu exact est censé accompagner le règlement d’éventuels litiges. Le tout est accessible contre paiement de 10 à 20 euros, selon la formule choisie. (Au passage, je n’ai pas bien compris l’offre tarifaire, on parle d’un seul paiement pour toute la durée du prêt mais la promotion mise en avant représente 6 mois offerts….).
Nous avons donc un simulateur de crédit comme on en trouve des centaines sur le web, un éditeur de documents en ligne (qui permet de fabriquer un contrat de prêt sur support papier) et un système de relance par messagerie pour rappeler le paiement des échéances.
Par rapport à l’intermédiation bancaire, on est encore très loin du compte et la valeur ajoutée proposée actuellement par le service paraît vraiment limitée.
Les quatre fonctions d’une plateforme de P2P lending
Que devrait-on attendre d’un service de P2P lending ? Essentiellement 4 fonctions :
- Recenser des offreurs de capitaux et assurer la mise en relation avec des demandeurs de capitaux soigneusement sélectionnés
- Produire le crédit bancaire en formalisant un contrat, avec le taux, les modalités de remboursement, d’éventuelles garanties
- Assurer la gestion des flux (mise à disposition des fonds à l’emprunteur, prélèvement des échéances de remboursement pour reversement au prêteur)
- Prendre en charge la gestion du risque (solvabilisation de l’emprunteur par des garanties et/ou une assurance, recouvrement amiable et/ou contentieux)
On le voit : le service proposé par Friendsclear est très embryonnaire par rapport à ce cahier des charges. Il manque la collecte des offres et des demandes, la sélection des emprunteurs, la mise en relation, la gestion des flux et la couverture du risque de défaillance de l’emprunteur.
Un contexte réglementaire beaucoup trop contraignant
On peut se demander pourquoi le service proposé manque tellement d’ambitions. Je pense que la raison est essentiellement liée au contexte légal du crédit. Le prêt d’argent à titre habituel est en France un monopole des établissements de crédit. Même le statut d’intermédiaire en opération de banque (courtier) est étroitement réglementé et exige un niveau de garanties inaccessible à une start-up.
A défaut d’adossement à un établissement de crédit, le statut d’intermédiaire en opérations de banque est inaccessible aux start-up ; il faut donc se contenter d’offrir des services (très) périphériques. Et même cela n’est pas évident : la protection de l’emprunteur est draconienne en France.
Je suppose que les fondateurs de Friendsclear ont consulté un juriste qui a attiré leur attention sur les contraintes légales, notamment l’article L-321 du Code de la consommation qui stipule “qu’aucun versement de quelque nature que ce soit, ne peut être exigé d’un particulier, avant l’obtention d’un ou plusieurs prêts d’argent”. Il y a également l’article L 341-1 du Code monétaire et Financier qui stipule : Il est interdit à toute personne physique ou morale qui apporte son concours, à quelque titre et de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, à l’obtention ou à l’octroi d’un prêt d’argent, de percevoir une somme représentative de provision, de commission, de frais de recherche, de démarches, de constitution de dossier ou d’entremise quelconque, avant le versement effectif des fonds prêtés et avant la constatation de la réalisation de l’opération par un acte écrit dont une copie est remise à l’emprunteur.
Techniquement, cela oblige le site à s’assurer que les fonds ont bien été versés par le prêteur avant de percevoir le prix du service rendu et comme Friendsclear ne gère pas les flux de capitaux (sauf erreur de ma part), le service doit se reposer sur une déclaration des parties (ce qui n’est pas très confortable).
Quel modèle économique pour Friendsclear ?
Je pense qu’il est difficile en France -compte tenu du poids de la réglementation- d’envisager la création d’un pure player sans adossement à un établissement de crédit. C’est à mon avis dans cette direction que les fondateurs de la start-up devraient se diriger, le modèle “Sell to a bank”…
PS : Le titre de ce billet est un peu méchant mais je n’ai pas pu résister au jeu de mot
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 13 août à 11:50
Bonjour, Compte tenue de la crise des subprimes conduisant à l'éffondrement de la bourse et pour aider à juguler cette crise, je mets à partir de ce jour à disposition de tout le monde, des PRETS ENTRE PARTICULIERS d'un montant compris dans la forchette de 5000€ à 250 000€ . Je n'exige pas de conditions particulières seulement que vous devez disposez des capacités avérées de remboursement . Contactez moi directement par mail :[email protected] en exprimant clairement votre demande.