Il arrive parfois que je sois un peu fouille-merde. Alors forcément, quand Carla Bruni devient première dame de France, je ne peux m’empêcher d’avoir une furieuse envie de lire ce roman de Justine Lévy, ex femme de l’ancien compagnon de la chanteuse Raphaël Enthoven. Et finalement, j’ai bien fait de l’acheter, c’est un bien joli roman.
De façon générale, je me méfie des romans d’amour et encore plus des romans d’amour malheureux. Le côté pathos pour faire pleurer dans les chaumières, très peu pour moi. J’ai suffisamment pleuré sur mes propres ruptures pour ne pas pleurer sur celles des autres en plus. Mais là, justement, on ne pleure pas. Justine nous épargne sa douleur, elle ne fait rien pour nous émouvoir sur son sort et ça, j’aime. Elle se contente des faits, elle raconte ça comme on raconterait une histoire à un ami, sans chronologie, on est dans le passé puis dans le présent, à l’époque où elle vivait avec lui et sa vie sans lui. On s’identifie sans mal à cette histoire, la douleur de la séparation et cette espèce d’apathie sentimentale qui la suit. En fait, apathie est le maître mot de ce roman, tout est décrit avec distance. Justine n’est jamais vraiment méchante, pas même avec Paula-Carla surnommée Terminator tant elle est refaite de la tête aux pieds (j’ai appris au moins un truc) mais même cette femme qui lui vole son mari n’en prend pas trop pour son grade. L’ex mari non plus d’ailleurs. Il passe un peu pour un crétin mais est-ce la volonté de Justine ou mon avis personnel ? Je ne sais pas. Comme disait la grand-mère de Justine (enfin de Louise, son avatar dans le roman) : « c’est un poseur » et les poseurs, moi, ça me fatigue.
Sur le fond, une classique histoire de rupture, finalement, on sent le roman exutoire. Sur la forme, j’aime bien le style de Justine, léger, enlevé. Pendant la courte période où je le lisais (en une semaine, c’était plié mais si je l’avais lu en vacances, il tenait deux jours, ça se lit vite), ça m’inspirait des phrases. Ouais, c’est mon truc, ça. Dans ma tête, j’ai une espèce de voix off qui aime bien littéraliser mes pensées comme si j’étais dans un film et que je m’autocommentais, un peu à a Clara Sheller. Et j’ai remarqué que quand le style d’un auteur me plaît, j’ai tendance à être stimulée dans ma voix off, je dis encore plus de phrases dans ma tête. Je vous fais peur, là ?
Rien de grave n’est sans doute pas le meilleur livre de la décennie mais il reste bien plaisant à lire Par contre, l’acheter juste parce qu’on déteste Carla n’est pas forcément une bonne chose vu qu’elle n’apparaît pas tant que ça dans le roman. Même si je me rends compte que c’est quand même une sacrée garce. De plus, si vous détestez BHL, évitez de lire Rien de grave car il gagne plein de points de sympathie dedans.