Jean-Frédéric Poisson (FRS-UMP) s'oppose au projet de Xavier Bertrand sur le travail du dimanche :
"Si ce texte de loi a pour but de régulariser des situations hors-la-loi de magasins qui ouvrent alors qu’ils n’en ont pas le droit, j’entends l’argument, mais il n’est pas satisfaisant parce que la loi n’est pas là uniquement pour prendre acte des évolutions de la société. [...]
Êtes vous prêt à voter contre si le texte est examiné au Parlement, comme le gouvernement l'a annoncé?
C’est un texte extrêmement sensible. Il y a eu beaucoup de réunions internes au groupe UMP au sein d’un groupe de travail. Mon collègue Maillé à beaucoup travaillé sur le sujet mais je suis désolé, il y a de fortes chances que je m’oppose à ce texte. Je n’ai pas l’habitude de changer d’avis. [...] Au cours du printemps, j’ai rédigé un rapport sur la pénibilité [...]. La conclusion évidente, manifeste de cette année de parlementaire, qui est ma première année à l’Assemblée car j’ai été élu en 2007, c’est qu’il n’y a plus aujourd’hui de moment dans la vie des gens qui leur permette de profiter, de faire une pause, alors qu’ils créent toujours plus de richesses. Quel est le prix social, psychologique, humain, de cette décision ? Faut-il mettre en question le temps social, les associations, les clubs de sport, autant d’aspects de la vie en société qui n’ont pas de valeur marchande mais qui sont vitaux ? S’il faut perdre sa vie à gagner de l’or, je ne suis pas sûr que ça vaille le coup. On ne peut pas perdre sa vie à la gagner. D’habitude, ce slogan n’est pas porté par ma famille politique, mais en l’occurrence je le reprends volontiers à mon compte. Je ne nie pas qu’il y a des problèmes de pouvoir d’achat ou que des étudiants aient besoin de travailler. Mais, à mon sens, il y a un prix à payer qui est trop cher pour la société, c’est un prix symbolique, le prix du lien social, le prix du lien entre les gens. C’est une espèce d’illusion de penser que toutes les richesses sont bonnes à créer. Il faut savoir renoncer à la création de richesses si le prix qu’elle coûte est trop élevé. Du reste, il faudrait évaluer l’impact de l’assouplissement des règles du travail le dimanche. A ce jour, les bienfaits économiques ne sont pas certains. Si le texte vise à asseoir des positions qui existent déjà en régularisant la situation de commerces qui ouvrent déjà le dimanche, je ne vois pas ce que ça pourrait créér comme activité supplémentaire. Et puis franchement, des gens qui ont acheté leur paquet de nouilles le samedi vont-ils revenir en acheter un le lendemain ? [...] Le problème est quand même une question de fond, c’est savoir si on a droit, oui ou non, à une journée de repos hebdomadaire. Je crois que c’est la noblesse du politique de savoir parfois fixer des limites."